C
’était à Metaxourgeio, un des quartiers d’Athènes.
Mai 2014, il faisait un peu trop chaud au cœur de ce
quartier, les gens étaient peut-être au boulot ou chez
eux pour s’épargner ces journées moites. Mais quand
même, qu’est-ce que les rues étaient vides ! Les hommes
passaient quelque fois furtivement quand les chiens et
les chats de rue cherchaient l’ombre. Quartier aux rues
mystérieuses, plongées dans ce silence qui me faisaient
me demander quel scénario avait été retenu pour ce lieu.
Metaxourgeio bien sûr ce n’est pas un quartier mais
des quartiers. On tourne au coin d’une rue et on
ne se retrouve plus avec les mêmes personnes. Les
ambiances changent, les rues se rétrécissent et le
silence arrive brutalement. Metaxourgeio c’est plein
de micros quartiers, qui se mélangent et se regardent,
avec des gens bien différents qui marchent aux cotés
les uns des autres sans toujours bien se reconnaître.
Metaxourgeio, c’est un de ces quartiers qui s’est fait
manger par la crise depuis longtemps, qui se fait arracher
des morceaux de murs centenaires par la pluie tous les
vingt pas. Metaxourgeio c’est un quartier populaire
encore, beaucoup de gens de partout, d’immigrés dans
la plus grande pauvreté qui vivent dans des ruines
rafistolées. Il y a les bordels, ces vieilles baraques
athéniennes fissurées d’où s’échappent jour et nuit les
lumières chaudes d’ampoules incandescentes. Les portes
sont grandes ouvertes, on est curieux et on y rentre guidé
par les couloirs peints de couleurs vives, jusqu’à tomber
sur une épaisse porte à laquelle on n’osera pas frapper.
84