ETC. JOURNAL EDITIONS #2 | Page 84

C ’était à Metaxourgeio, un des quartiers d’Athènes. Mai 2014, il faisait un peu trop chaud au cœur de ce quartier, les gens étaient peut-être au boulot ou chez eux pour s’épargner ces journées moites. Mais quand même, qu’est-ce que les rues étaient vides ! Les hommes passaient quelque fois furtivement quand les chiens et les chats de rue cherchaient l’ombre. Quartier aux rues mystérieuses, plongées dans ce silence qui me faisaient me demander quel scénario avait été retenu pour ce lieu. Metaxourgeio bien sûr ce n’est pas un quartier mais des quartiers. On tourne au coin d’une rue et on ne se retrouve plus avec les mêmes personnes. Les ambiances changent, les rues se rétrécissent et le silence arrive brutalement. Metaxourgeio c’est plein de micros quartiers, qui se mélangent et se regardent, avec des gens bien différents qui marchent aux cotés les uns des autres sans toujours bien se reconnaître. Metaxourgeio, c’est un de ces quartiers qui s’est fait manger par la crise depuis longtemps, qui se fait arracher des morceaux de murs centenaires par la pluie tous les vingt pas. Metaxourgeio c’est un quartier populaire encore, beaucoup de gens de partout, d’immigrés dans la plus grande pauvreté qui vivent dans des ruines rafistolées. Il y a les bordels, ces vieilles baraques athéniennes fissurées d’où s’échappent jour et nuit les lumières chaudes d’ampoules incandescentes. Les portes sont grandes ouvertes, on est curieux et on y rentre guidé par les couloirs peints de couleurs vives, jusqu’à tomber sur une épaisse porte à laquelle on n’osera pas frapper. 84