ETC. JOURNAL EDITIONS #2 | Page 42

Carte blanche « Affranchis de cet attachement exorbitant à nos étroites frontières, à nos identités bien scellées, enfin libres nous pourrons devenir ce flux chantant de la vie, qui ne trouvera sa plénitude que dans la gratuité de l’effacement vers un plus grand que soi… » Philippe Mac Leod D es atomes crochus d’Epicure aux bosons de Higgs, du Shibari ou Kinbaku à l’union du mariage, de l’attachement à l’amour, il y a le lien. « ¡Átame! » demande un personnage d’Almodovar  ; ce qui paraît une perte de liberté et une dépendance insupportable pour beaucoup devient la forme primitive de l’amour entre les personnages. Ce que la plupart, dans la sphère privée ou intime, n’avouerait jamais ou refuserait en bloc, le lien donc, comme la longe ou la laisse d’un animal domestiqué, est pourtant un fait, voire une revendication sociale. Nous sommes liés par contrat, nous nous lions par réseaux, nous souhaitons plus de solidarité, mais nous craignons que les liens deviennent chaînes. La privation de liberté qu’engendrerait le lien est alors mortifère  ; la relation ne tient plus qu’à un fil, celui des Parques. Mais de la quenouille des Moires ne sort aucun lien à vrai dire et elles filent dans le vide une vie sans attache… Or ce mythe continue de fasciner car il a à voir, dans l’imaginaire, avec le sacré. Le mot « religion », dont l’étymologie est ambiguë, viendrait de religare (relier) ou de relegere (relire). Et ce qui nous relie au divin, ou à l’univers, serait insaisissable, invisible… « la part des anges » finale ment… ou bien pour certains, la part des 42