ETC. JOURNAL EDITIONS #2 | Page 38

Quelle place accordes-tu au temps ? Dans mes toiles, je ne cherche pas à capter un mouvement figé mais un instant de quelques secondes. Un moment suspendu. Le temps est partout. C’est le temps d’implication dans une zone, le non-temps dans une autre, le temps de la création en général. J’ai envie que le spectateur ait l’impression que la toile se soit faite en un instant, comme une sorte de vaporisation ou de cristallisation de l’instant. Et puis, je n’aime pas être sur le même fuseau horaire que les autres. Lorsque je travaille, je m’isole. Il n’y a que moi qui peux me mesurer à la toile et réciproquement. J’aime être dans mon cocon, mon espace-temps à moi. Un espacetemps particulier et à grande échelle. C’est ce qui explique tes grands formats ? Des tableaux qui se réalisent en plusieurs mois ? Ce sont plutôt des murs. Cela participe de ma volonté d’être hors du temps et de l’espace, de faire une peinture qui puisse être intemporelle. Je rends ainsi un hommage aux grands maitres et je me mesure à eux. Chaque toile est une sorte de manifeste, révélateur d’une période. Un microcosme. Mais, je me mets aussi à nu, j’offre une part de moi dans chaque tableau à travers le format. Cela peut paraître dérangeant, non ? Je me sens très freiné en peinture. J’ai beaucoup de retenue maintenant. J’essaie de peindre des choses vraies. Je suis en retrait par rapport à ce que je fais. 38