Effectivement, du fait de cette préparation,
ton travail dégage une grande maitrise et
laisse peu de place à l’improvisation. Quelle
est ta démarche ?
Au départ, je prends des photographies et je
choisis la photo qui m’offre le maximum de
possibilités. Puis, je la projette en utilisant le
vidéoprojecteur sur la toile. Les lignes et la
composition sont déjà là avant la peinture.
C’est structuré. Mais, à l’intérieur, je vais faire
dégouliner de la peinture, en dessous du scotch
préalablement posé. En séchant la peinture
donnera des formes aléatoires voulues ou non,
que je ne verrai pas immédiatament mais à la fin
de la toile lorsque j’enleverai le scotch. En fait,
ma peinture se révèle en deux temps. D’abord je
pose les scotchs, ensuite je passe des lavis. Là,
la peinture est déjà prête mais encore invisible.
Ensuite, je la révèle en enlevant le scotch. C’est
une sorte de peinture indirecte.
Ton travail est souvent comparé à la
photographie. Ta peinture, comme la
photographie argentique, est latente et attend
d’être révélée. Qu’est-ce que tu en penses ?
Je fais de la peinture figurative parce que je veux
mettre des liens entre des éléments, des choses qui
existent. Comme un jardinier, je mets des tuteurs
– c’est mon scotch – et ma plante – la peinture –
fait son chemin. Il y a beaucoup d’autres façons
de peindre indirectement. C’est seulement une
façon de faire et pas d’être. L’observation est à
l’origine de ma création. Mais, c’est vrai que je
rêve d’un jour où je ne toucherais pas à l’image
de mon pinceau et l’image apparaitra.
30