ETC. JOURNAL EDITIONS #2 | Page 30

Effectivement, du fait de cette préparation, ton travail dégage une grande maitrise et laisse peu de place à l’improvisation. Quelle est ta démarche ? Au départ, je prends des photographies et je choisis la photo qui m’offre le maximum de possibilités. Puis, je la projette en utilisant le vidéoprojecteur sur la toile. Les lignes et la composition sont déjà là avant la peinture. C’est structuré. Mais, à l’intérieur, je vais faire dégouliner de la peinture, en dessous du scotch préalablement posé. En séchant la peinture donnera des formes aléatoires voulues ou non, que je ne verrai pas immédiatament mais à la fin de la toile lorsque j’enleverai le scotch. En fait, ma peinture se révèle en deux temps. D’abord je pose les scotchs, ensuite je passe des lavis. Là, la peinture est déjà prête mais encore invisible. Ensuite, je la révèle en enlevant le scotch. C’est une sorte de peinture indirecte. Ton travail est souvent comparé à la photographie. Ta peinture, comme la photographie argentique, est latente et attend d’être révélée. Qu’est-ce que tu en penses ? Je fais de la peinture figurative parce que je veux mettre des liens entre des éléments, des choses qui existent. Comme un jardinier, je mets des tuteurs – c’est mon scotch – et ma plante – la peinture – fait son chemin. Il y a beaucoup d’autres façons de peindre indirectement. C’est seulement une façon de faire et pas d’être. L’observation est à l’origine de ma création. Mais, c’est vrai que je rêve d’un jour où je ne toucherais pas à l’image de mon pinceau et l’image apparaitra. 30