A Rome, cette distinction faisait partie intégrante de la vie quotidienne et les
romains alternaient régulièrement entre frugalité solitaire et orgie
sociale. Ils opposaient ainsi le prandium, ce repas du midi
pris seul, rapidement et avec pour unique objectif
celui de se nourrir, et la cena, un repas
fastueux pris le soir en petit comité,
allongé sur un lit. La cena est le « lieu
du partage ». On y consomme les
viandes sacrifiées et toutes les
denrées sont mises au service
du plaisir des convives. Les
mets les plus prisés viennent
régaler les hôtes : pain, vin
miellé, olives, œufs, tétines
de porc, poissons, fruits…
La subtilité de la cena
réside dans le juste dosage
du plaisir alimentaire, pour
réussir le parfait équilibre,
sans franchir la limite du
dégoût.
Un tel apparat gastronomique
perdure aujourd’hui encore.
On en trouve des traces au Haut
Moyen-Age. A cette époque, le
contenu de l’assiette est moins
déterminant que l’opulence de la table
et il est extrêmement offensant pour les
convives que l’intégralité du cellier ne se
retrouve pas au festin. À partir du XVIIème siècle,
cette caractéristique est particulièrement exacerbée
et les toiles des peintres nous donnent un bon aperçu de
l’abondance de rigueur. Chaque aliment est disposé à un endroit
précis et répond à une symbolique particulière, comme la corbeille de
fruits qui symbolise le repas paradisiaque.
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