ETC. JOURNAL EDITIONS #2 | Page 101

A Rome, cette distinction faisait partie intégrante de la vie quotidienne et les romains alternaient régulièrement entre frugalité solitaire et orgie sociale. Ils opposaient ainsi le prandium, ce repas du midi pris seul, rapidement et avec pour unique objectif celui de se nourrir, et la cena, un repas fastueux pris le soir en petit comité, allongé sur un lit. La cena est le « lieu du partage ». On y consomme les viandes sacrifiées et toutes les denrées sont mises au service du plaisir des convives. Les mets les plus prisés viennent régaler les hôtes : pain, vin miellé, olives, œufs, tétines de porc, poissons, fruits… La subtilité de la cena réside dans le juste dosage du plaisir alimentaire, pour réussir le parfait équilibre, sans franchir la limite du dégoût. Un tel apparat gastronomique perdure aujourd’hui encore. On en trouve des traces au Haut Moyen-Age. A cette époque, le contenu de l’assiette est moins déterminant que l’opulence de la table et il est extrêmement offensant pour les convives que l’intégralité du cellier ne se retrouve pas au festin. À partir du XVIIème siècle, cette caractéristique est particulièrement exacerbée et les toiles des peintres nous donnent un bon aperçu de l’abondance de rigueur. Chaque aliment est disposé à un endroit précis et répond à une symbolique particulière, comme la corbeille de fruits qui symbolise le repas paradisiaque. 101