Pour parler franchement, le thème de la terre pour un sujet mode ne
m’enthousiasmait pas vraiment… De prime abord, la terre, c’est marron et
c’est plein de cailloux. Pas de quoi me réjouir a priori… Puis, ma conscience
professionnelle reprenant le dessus, j’ai commencé à observer plus en détails
la terre et ses infimes nuances. Une fois plongée dans mon observation, j’ai
été très étonnée par la palette que j’avais sous les yeux : autant de couleurs
que d’échantillons de terre qu’il est possible de récolter ! Bleu outremer, bleu
de Prusse, bleu cobalt, vermillon, pourpre, ocre rouge, ocre jaune, jaune d’or,
jaune indien, terre de Sienne, brun de Florence, vert tilleul, vert émeraude,
ombre naturelle… La liste est sans fin.
Evidemment, je ne suis pas la seule
à avoir fait ce constat. Depuis la
Préhistoire, les hommes ont utilisé
des pigments pour peindre, teindre
ou encore se maquiller. Les pigments
peuvent être obtenus à partir
des terres elles-mêmes, lavées et
souvent cuites, (ocre jaune, ocre
rouge) ou à partir d’animaux ou
de végétaux (garance, cochenille).
D’autres techniques plus élaborées
ont été mises au point assez tôt
dans l’Histoire. Par exemple, les
Egyptiens, les Phéniciens ou encore
62
les Grecs broyaient certaines roches
naturelles pour obtenir une poudre
colorante. C’est ainsi qu’on fabrique
du bleu outremer à partir du lapislazuli ! Enfin, d’autres pigments sont
obtenus par réactions chimiques plus
ou moins complexes (bleu égyptien,
oxyde de fer). Plus tard, au MoyenAge, l’utilisation des pigments
s’est généralisée, notamment pour
orner les manuscrits ou réaliser des
peintures.