ETC. JOURNAL EDITIONS #1 | Page 62

Pour parler franchement, le thème de la terre pour un sujet mode ne m’enthousiasmait pas vraiment… De prime abord, la terre, c’est marron et c’est plein de cailloux. Pas de quoi me réjouir a priori… Puis, ma conscience professionnelle reprenant le dessus, j’ai commencé à observer plus en détails la terre et ses infimes nuances. Une fois plongée dans mon observation, j’ai été très étonnée par la palette que j’avais sous les yeux : autant de couleurs que d’échantillons de terre qu’il est possible de récolter ! Bleu outremer, bleu de Prusse, bleu cobalt, vermillon, pourpre, ocre rouge, ocre jaune, jaune d’or, jaune indien, terre de Sienne, brun de Florence, vert tilleul, vert émeraude, ombre naturelle… La liste est sans fin. Evidemment, je ne suis pas la seule à avoir fait ce constat. Depuis la Préhistoire, les hommes ont utilisé des pigments pour peindre, teindre ou encore se maquiller. Les pigments peuvent être obtenus à partir des terres elles-mêmes, lavées et souvent cuites, (ocre jaune, ocre rouge) ou à partir d’animaux ou de végétaux (garance, cochenille). D’autres techniques plus élaborées ont été mises au point assez tôt dans l’Histoire. Par exemple, les Egyptiens, les Phéniciens ou encore 62 les Grecs broyaient certaines roches naturelles pour obtenir une poudre colorante. C’est ainsi qu’on fabrique du bleu outremer à partir du lapislazuli ! Enfin, d’autres pigments sont obtenus par réactions chimiques plus ou moins complexes (bleu égyptien, oxyde de fer). Plus tard, au MoyenAge, l’utilisation des pigments s’est généralisée, notamment pour orner les manuscrits ou réaliser des peintures.