Qu’est ce que la Terre te donne ?
Le manque. Parce que nous avons fuit notre terre. On a tout
laissé. Tout ce qui est resté là bas me manque.
Où est ta Terre ?
En Arménie. Là, où je suis née. Là, où je suis restée jusqu’à mes
17 ans. Là, où je suis allée à l’école, là où j’ai des amis.
Je me souviens, on allait aider les agriculteurs locaux. On
ramassait pour eux, du maïs, des pommes de terre, de l’herbe.
J’avais 14 ans à l’époque, j’adorais la campagne. Je suis une
campagnarde. Plus tard, j’allais après les cours aider mon père
aux champs. C’était dans les années 50.
Je me souviens, lorsque mon père se reposait devant la maison,
il me montrait les champs au loin. Il m’indiquait quelques arbres.
Un de ces arbres, me disait-il, en désignant le poirier, avait été
planté par son père, mon grand père donc.
Les gens qui travaillaient la terre, ceux que j’ai vus, étaient plein
d’amour et de respect mutuel.
Quelle est ta première expérience de la Terre ?
Après les cours, quand je n’allais pas aux champs, j’allais jouer
avec mes amies. Toujours des jeux avec la terre. Mon premier
souvenir est l’image de mes mains dans la terre, dans la boue,
lors de ces jeux.
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