Ensemble intercontemporain 2015-16 musical season Brochure de saison 2015-2016 | Page 93
93
Entretien avec YAN MARESZ
compositeur
Vous écrivez une musique qu’on peut
qualifier de « complexe », même si cette
complexité n’est pas toujours apparente…
La complexité est inhérente à toute écriture. À partir du moment où la structure est solide, je ne m’intéresse qu’à la
« communicabilité » de la musique, à ce
qu’elle porte en elle. Ce n’est pas un retour nostalgique vers l’expressivité, mais
c’est ma façon d’écouter la musique. J’ai
parfois réalisé des travaux de recherche
qui n’ont pas forcément abouti dans une
œuvre ; et inversement, je peux élaborer
des systèmes qui deviennent de la musique. Mais pour devenir une œuvre, il faut
un supplément d’âme. C’est parfois le fait
d’accident, de reniements, mais ce n’est
pas réductible à une technique. C’est la
complexité de la personnalité de celui qui
écrit. Révéler la complexité à l’écoute n’est
intéressant que si cela relève du projet
artistique.
Dans Tutti, vous travaillez la notion de
ripieno et la notion de bloc instrumental.
Quels sont les principes fonctionnels de
cette pièce ?
L’idée de départ, c’est la problématique
de l’écriture de l’ensemble avec électronique. Avec un petit ensemble, la place de
l’électronique se fait aisément mais plus
l’effectif est grand, plus le rôle de l’électronique est difficile à situer et à justifier
après coup. Je me suis souvent posé cette
question en écoutant des pièces mixtes
dans lesquelles l’électronique n’avait pas
une place si importante que ça. Ces pièces
pouvaient s’écouter avec ou sans électronique, sans que cela fasse une différence.
Les pièces avec électronique sont « surécrites » pour l’électronique. Dans Tutti,
j’ai cherché quel était le meilleur moyen
de travailler ce rapport. Ma première
solution était de considérer l’ensemble
comme un seul et même instrument – un
tutti –, polychrome certes, mais avec de
multiples possibilités individuelles par