Ensemble intercontemporain 2015-16 musical season Brochure de saison 2015-2016 | Page 75
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Mercredi 23 mars
20H30 – PARIS
Philharmonie de Paris
Salle des concerts
Cité de la musique – Philharmonie 2
LE MIRACLE DE LA ROSE
Manfred TROJAHN
Nocturne – Minotauromachia
pour ensemble
Création mondiale
Commande de l’Ensemble
intercontemporain
Matthias PINTSCHER
Mar’eh
pour violon et ensemble
Création mondiale de la version
pour ensemble
Commande
de l’Ensemble intercontemporain
Hans Werner HENZE
Le Miracle de la rose
Musique pour un clarinettiste et treize
musiciens
Hae-Sun Kang, violon
Jérôme Comte, clarinette
Ensemble intercontemporain
Matthias Pintscher, direction
Coproduction
Ensemble intercontemporain,
Philharmonie de Paris
Tarif : 18€
Réservations : 01 44 84 44 84
www.philharmoniedeparis.fr
AVANT LE CONCERT
Clé d'écoute à 19h45
Présentation des œuvres
au programme du concert
par Clément Lebrun
Entrée libre
J’ai toujours rêvé de faire entendre un programme « allemand » à Paris
avec l’Ensemble. La musique allemande m’a bercé durant toute mon
enfance et mon adolescence. Si je ne me considère plus aujourd’hui
réellement « allemand », m’étant si pleinement immergé dans la culture
française et étant installé à New York, c’est quand même en Allemagne
que sont mes racines musicales. Manfred Trojahn, Hans Werner Henze
et Helmut Lachenmann ont joué un tel rôle dans mon éducation musicale
que je peux sans hésitation les appeler mes « maîtres ».
Alors que je n’avais que 20 ans, Hans Werner Henze m’a passé commande
d’un quatuor à cordes et d’un solo de violon et m’a invité à Montepulciano
pour y travailler. J’y ai passé plusieurs semaines à ses côtés et en présence
de tous les musiciens incroyables dont il savait s’entourer. C’est à cette
occasion que j’ai réellement compris ma vocation de compositeur, qui va
de pair avec un goût pour la vie, l’amitié et le Chianti ! C’était un compositeur inépuisable, qui a toujours su produire une musique magnifique, en
même temps qu’un personnage haut en couleurs, d’une générosité sans
pareille, toujours prêt à donner de lui-même. Il n’était pas de ces compositeurs qui se cloîtrent dans un studio, effrayés du moindre contact avec
le public. C’était au contraire l’un de ces si rares humanistes qui savent
fédérer les bonnes volontés. Il est encore une grande source d’inspiration pour moi, et pas seulement en tant que compositeur. Je suis heureux
d’avoir compté parmi ses amis jusqu’à la fin. À mes débuts, j’ai été très
fortement influencé par sa musique, au moins autant que par les nouvelles
sonorités de Lachenmann : ces deux visions apparemment antinomiques
ont nourri la mienne.
Si je n’ai jamais été officiellement un élève de Henze ou Lachenmann,
je l’ai été de Trojahn : il a été mon dernier professeur – celui avec lequel
j’ai obtenu mon diplôme. Travailler avec Trojahn m’a surtout aidé à comprendre l’opéra et à donner à ma musique une dimension dramaturgique,
sans m’égarer dans la quête d’un son singulier : chaque son doit être en
lien avec le narratif, quand bien même serait-il non formulé, souterrain ou
abstrait. Nous parlions de tout et de rien, de musique et de littérature. Il
n’était pas rare que nous allions au cinéma ou au théâtre ensemble. Il m’a
ouvert aux autres disciplines artistiques et m’a aidé à comprendre que ce
que l’on note sur la partition n’est pas uniquement musical, mais touche à
bien d’autres aspects de la vie et de notre société. Ce n’est qu’ainsi qu’on
devient un musicien complet au xxie siècle.
• Matthias Pintscher
Voir aussi l'entretien
avec Matthias Pintscher p.76