Ensemble intercontemporain 2015-16 musical season Brochure de saison 2015-2016 | Page 47

47 Entretien avec UNSUK CHIN compositrice Vous êtes née en Corée du Sud et vous avez étudié la composition de 1981 à 1984 à l’Université nationale de Séoul, puis, à partir de 1982, avec Sukhi Kang. Vous êtes ensuite venue en Allemagne pour étudier avec György Ligeti entre 1985 et 1988. Qu’est-ce qui vous y a poussée ? Sukhi Kang était un excellent professeur, qui avait beaucoup à enseigner sur le côté pratique de la musique. C’était aussi un véritable puits de science et il nous faisait découvrir la musique contemporaine européenne, alors complètement inconnue en Corée, grâce à des partitions, des enregistrements et à ses propres exemples. Avant lui, mes connaissances en histoire de la musique ne dépassaient pas Stravinsky. Nous n’avions aucune occasion d’entendre de la musique plus récente en Corée, mais Sukhi Kang m’a permis de découvrir des compositeurs comme Webern, Boulez et Ligeti, et cela a été pour moi un choc et une fascination. Il était nécessaire que je parte pour l’Europe car je n’avais aucun avenir comme compositrice en Corée du Sud et je n’aurais pas pu m’y perfectionner – il n’existe en effet aucune infrastructure dans le domaine de la musique contemporaine. J’ai choisi György Ligeti, tout simplement parce sa musique était celle qui me parlait le plus. Quelle est la différence entre les œuvres de votre période coréenne, dont vous avez décidé qu’elles ne devaient plus être jouées, et celles qui sont nées en Europe ? Mes pièces de la période coréenne étaient toutes écrites dans le style postsériel. Submergée par toutes ces impressions inédites et par le choc de cette musique nouvelle, je m’efforçais d’imiter tous les exemples étrangers et j’ai &