Ensemble intercontemporain 2015-16 musical season Brochure de saison 2015-2016 | Page 29
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des affinités avec ces nouveaux arrivants. D’autres
Chinois partirent pour l’Australie, à l’image de Yu
Jingjun (Julian Yu).
Ces départs concordèrent avec le début du virage
vers l’économie de marché entrepris par la République
populaire,transition qui eut des conséquences majeures
sur l’économie et la vie culturelle du pays. La musique
d’avant-garde chinoise se développa progressivement
jusqu’à acquérir une reconnaissance accrue au sein
de l’élite musicale et intellectuelle des grands centres
urbains. Accompagné d’une amélioration générale du
niveau de vie en Chine, ce développement encouragea bon nombre de compositeurs à rentrer dans leur
pays. Certains obtinrent un poste de professeur dans
les conservatoires où ils avaient étudié dix ou vingt
ans plus tôt. D’autres, à l’instar de Guo Wenjing et de
He Xuntian, n’avaient pas quitté la Chine et devinrent
eux aussi professeurs et, en tant qu’artistes créateurs,
continuèrent à œuvrer pour un marché local en plein
essor tout en donnant des concerts à l’étranger.
Qu’en est-il de la situation actuelle, quelques trois décennies après le premier « grand bond en avant » de la
Chine dans le domaine de la composition contemporaine ? L’essor de la nouvelle musique chinoise dans
son propre pays est-il toujours perceptible ? Peut-on
identifier une nouvelle génération de compositeurs
qui soit parvenue à imprimer sa marque ? Répondre à
ces questions s’avère relativement ardu ; les concerts
et les conservatoires de la République populaire d’aujourd’hui reflètent une réalité à la fois complexe et
inquiétante.
De prime abord, l’avant-garde semble connaître une
expansion sans précédent. Lorsqu’on les interroge, les
principaux compositeurs œuvrant dans les conservatoires chinois dressent un bilan globalement positif.
« La musique chinoise se porte bien dans quasiment
tous les genres », affirme Guo Wenjing, directeur du
département de composition au Conservatoire central
de Pékin depuis 2010. « Les genres de l’opéra, de la mu-
sique symphonique, de la musique de chambre – qu’ils
aient recours à des instruments traditionnels chinois
seuls ou associés à des instruments occidentaux – sont
prospères. L’avenir de la musique contemporaine
chinoise s’annonce radieux. L’un des principaux changements survenus depuis 2000 réside dans la réticence
des compositeurs à étudier et imiter la musique occidentale. Ils se concentrent davantage sur les styles et
sur le public chinois et s’efforcent de nouer de bonnes
relations avec la société et leurs auditeurs. »
Tous les grands compositeurs chinois soulignent
la progression du niveau de formation, le développement des opportunités d’études et l’amélioration de
la qualité des salles de concert de leur pays depuis les
années 1980. Rien que dans les deux conservatoires et
les universités dotées d’un département de musique
du pays de Pékin, on estime aujourd’hui à trois cents
le nombre d’étudiants qui se spécialisent dans la composition contemporaine. Si des sites tels que Shanghai
ou Chengdu comptent moins d’étudiants, le nombre
total de Chinois qui reçoivent aujourd’hui une formation solide dans le domaine de la composition s’élève à
plusieurs milliers. Leur niveau technique est supérieur
– voire incomparable – à celui de leurs prédécesseurs
à l’époque où ces derniers empruntaient la voie de la
modernité. On remarque également une multiplication
des concerts, des plateformes dédiées à la musique
nouvelle et des festivals, à l’image du Beijing Modern
Music Festival (depuis 2004), la New Music Week à
Shanghai (depuis 2008), deux événements qui se
tiennent tous les ans au mois de mai, ainsi que le Chinaasean Music Festival (chaque été depuis 2012). Les
échanges internationaux n’ont jamais été aussi dynamiques, les subventions se sont accrues d’une manière
inédite, et les jeunes compositeurs ont fréquemment
l’occasion de voir leurs œuvres interprétées dans les
concerts. La musique électronique possède son propre
département au Conservatoire central de Pékin, dirigé
par le compositeur Zhang Xiaofu. Si elles continuaient
à se faire entendre durant les années 1990, les voix qui