Ensemble intercontemporain 2015-16 musical season Brochure de saison 2015-2016 | Page 21
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DOSSIER
Les nouvelles scènes de la musique
De Keersmaeker en 1983 est construite
de manière très brute, voire brutale, sur
des superpositions de boucles de longueurs différentes afin de créer une pulsation multiple, un décalage permanent.
Je ne suis bien sûr pas le seul compositeur à s’être intéressé aux superpositions
rythmiques. On en retrouve un exemple
célèbre dans le troisième mouvement du
Concerto de chambre écrit en 1970 par
György Ligeti. Plus loin de nous, les gamelans, les polyrythmies et les polyphonies
pygmées – d’ailleurs chéries par Ligeti –
sont caractéristiques de cette logique
musicale. Et les premières compositions
polyphoniques occidentales comme les
organum de Pérotin (1160-1230) ou les polyphonies du xiie au xve siècle – hoquetus,
canons à 36, 24 voix (Ockeghem, Josquin),
palindromes, canons par augmentation –
semblent être composés en manifestant
une volonté de superposer des temporalités récursives et multiples.
Ces gestes remarquables, ces polyrythmies, ces polyphonies... qu’ont-elles à
voir avec ripple marks ?
Deux choses. D’une part, permettezmoi de revenir à la description du projet
« Taxinomie du geste » : une fois qu’on
a établi certains gestes ou mouvements
modèles et qu’on les a reproduits et synthétisés sous forme d’algorithmes, il est
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