Colloque Julius Koma COLLOQUE corrigé le 4 juin 2017 | Page 96

de l’art statuaire et de la sculpture comprennent les reliquaires et les châsses. Ensuite, un élément beaucoup plus intéressant, ce sont les collections et spécimens provenant de collections de zoologie, botanique, minéralogie et anatomie. Ce décret prévoit donc le classement de restes humains. Enfin, la liste reprend également les ensembles et spécimens, lesquels contiennent bien souvent aussi des fragments de restes humains. Néanmoins, pour être reconnues et classées, ces pièces doivent remplir une série de critères, dont deux au moins doivent être satisfaits. Cela ne pose pas trop de problèmes pour les restes anatomiques, notamment quant à leur état de conservation : j’en connais beaucoup qui sont en bon état. La rareté est également un critère valable, puisqu’en fait, chaque dissection est susceptible finalement de constituer un jour une rareté et de témoigner d’une qualité d’exécution et de conception en matière de dissection. Des restes humains sont-ils classés en Fédération Wallonie-Bruxelles ? La réponse est oui. Deux types de restes humains sont aujourd’hui « classés » : les restes archéologiques et les reliques. Je remercie Benoît Van Caenegem de nous avoir donné un cours sur les reliques ce matin, parce que ce n’est pas du tout ma spécialité. Quant aux restes archéologiques, il faut noter qu’il n’y a pas, dans nos contrées, quantité de restes humains. Un bel exemple, classé parce qu’il est un reste humain ou, plutôt, proto-humain, c’est le crâne d’un enfant Néandertalien d’Engis II, découvert par Schmerling en 1829-1830 et conservé à l’Université de Liège. Cette pièce est classée depuis deux ans. Stéphane Louryan : C’est le premier Néandertalien à jamais avoir été décrit ; on ne connaissait pas l’espèce des Néandertalien avant de l’avoir découvert. Nathalie Nyst : Merci de cette précision Professeur Louryan. Dans les restes archéologiques classés, il faut également un ensemble de mobilier funéraire, comprenant notamment un petit sarcophage qui contient des restes humains imparfaitement incinérés et provenant des jambes, du bassin et de la calotte crânienne d’un individu. Il faut encore mentionner un sarcophage antique en plomb à décor bachique, conservé au Musée d’Archéologie de Tournai. (Je précise que les musées que j’évoque ici comme lieux de conservation ne sont pas subventionnés.) Ensuite, le deuxième type de biens classés, ce sont donc les reliques. J’ajoute de suite qu’il faut mettre les termes « reliques classées » entre guillemets, car ce sont en réalité les pièces d’orfèvrerie qui abritent les reliques qui font l’objet d’un classement et non les ossements eux-mêmes. Mais, de facto, ces pièces d’orfèvrerie étant classées dans leur ensemble, les reliques le sont aussi – on pourrait parler de pièces « classées par destination ». Par exemple, la châsse de Notre-Dame de Huy, qui contient toutes sortes de reliques attribuées au Christ, aux apôtres et à d’autres saints, mais conserve également des os humains longs. Il n’est pas toujours évident de déterminer ce que contient un reliquaire, puisque châsses et reliquaires ne sont pas ouverts régulièrement, loin s’en faut. Les châsses des saints Domitien et Mengold de Huy, réalisées par l’orfèvre Godfroid dit de Huy et conservées dans le Trésor de la collégiale Notre-Dame, ont été toutes deux ouvertes le même jour, ouverture authentifiée par un acte notamment signé par l’évêque, présent pour l’occasion. Les châsses des saints Domitien et Mengold contiennent divers os longs, mais aussi des petits paquets au contenu non identifié. Un autre exemple est celui de la châsse de saint Hadelin de Visé, qui a été ouverte en 2013 à l’occasion du jubilé du saint et contient divers fragments osseux. Ces quelques exemples prouvent qu’il existe bel et bien des restes humains classés en Fédération Wallonie-Bruxelles. Cependant, je répète que les exemples que j’ai cités ne sont pas conservés dans des institutions subventionnées. 96