Colloque Julius Koma COLLOQUE corrigé le 4 juin 2017 | Page 81

“Dans mon travail la douleur c’était presque le message, je me coupais, je me fouettais, et mon corps n’en pouvait plus”. La souffrance physique ce n’est pas juste un problème personnel, c’est également un problème de langage. L’artiste chinois Chen Zhen qui est décédé il y a quelques années exploite les thèmes de la vanité, du memento mori. Il a représenté « ce paysage de cristal » (19 - 20). On voit ses différents organes qui sont représentés en verre soufflé. Ça, c’est peut-être l’œuvre la plus emblématique que je ne pouvais pas ne pas vous présenter dans le cadre de mon intervention aujourd’hui. C’est une œuvre de Marc Quinn (21 - 22) en évolution perpétuelle. Les œuvres, les autoportraits de Marc Quinn ont été achetés par un collectionneur Anglais très connu, Charles Saatchi. Cette version de l’autoportrait a été achetée par une galerie à Londres. L’artiste réalise un autoportrait tous les cinq ans, grâce à son sang, son propre sang conservé grâce à un système de réfrigération. Il a également réalisé un autoportrait du scientifique qui a séquencé le génome humain. Le portrait de John Sulston qui a remporté le prix Nobel en 2002 pour avoir séquencé le génome humain, se trouve à la National Portrait Gallery de Londres. Il est formé à partir de bactéries qui contiennent l’ADN de Sulston et qui ont été conservées dans de l’agar-agar. Le portrait a été réalisé en suivant les normes du clonage de l’ADN. Voilà ce qu’a déclaré Sulston : mon ADN a été divisé en segments et a été traité de telle manière à ce qu’il puisse se répliquer par bactéries. Les bactéries qui sont contenues dans des segments de l’ADN se sont ensuite multipliées sur la gélatine qu’on peut voir dans le portrait. Puisqu’on parle de géant, je ne pouvais pas ne pas vous montrer cette œuvre qui se trouve dans l’église de Foligno. Il ne faut pas oublier non plus que par géant, on désignait les artistes à une certaine époque, Michel-Ange, Le Caravage… Cette œuvre, on a pu la voir il y a quelques années à Mons, elle a été réalisée par Gino de Dominicis. Elle s’intitule Calamita Cosmica (23-24-25). On ne sait pas très bien comment l’artiste a fait pour réaliser cette œuvre. Tout l’ensemble de son œuvre est assez mystérieux. Ce squelette mesure 24 mètres. Il aurait dû être recouvert entièrement d’or. Sur une des phalanges de la main droite, on peut voir qu’il y a un pieu qui se dresse vers le ciel. Il symbolise la relation entre le corps humain et la magie céleste. Le titre de l’œuvre : Aiguille aimantée cosmique souligne les rapports que la haute tige dorée posée en équilibre sur le majeur du squelette entretient avec l’univers dressé verticalement à la manière des ancestraux cadrans solaires qui mesurent aussi un temps immémorial, celui des créatures mythiques. Dans la présentation du MAC’s (Grand-Hornu 2008), conformément au dispositif original, la barre est maintenue droite grâce à la force d’attraction d’un aimant suspendu à quelques centimètres de sa pointe. Enfermé dans le vide de la grange aux foins patinée par le temps et habitée par le souvenir des mineurs, le terrifiant squelette dévoile l’instance de la mort. Cette image stupéfiante renvoie aux interrogations relatives à la vie, à la mort, à la destruction et à l’immortalité qui hante l’œuvre de l’artiste. Sa présence hiératique est ironiquement désacralisée par l’étrange appendice nasal en forme de bec d’oiseau. Cette déformation élégante qui revient de manière récurrente dans l’iconographie de Gino de Domenicis est diversement interprétée : masques de Gilgamesh le héros qui recherche l’immortalité, mutation génétique, être provenant d’une autre dimension, prêtre sumérien... Quoi qu’il en soit le mystère persiste et nous renvoie à notre propre épopée. Voici une œuvre (26) d’un artiste Bergamasque, Ferrario Frères, qui a été présenté récemment à Bergamo (GAMeC) et qui s’inspire d’une œuvre de Gustave Courbet, Un enterrement à Ornans (1849). Une exposition a fait grand bruit à Turin dans laquelle on voyait des œuvres de Maurizo Cattelan qui s’est représenté sur son lit de mort (27). 81