Colloque Julius Koma COLLOQUE corrigé le 4 juin 2017 | Page 80

Parfois l’artiste utilise son propre corps comme matériel d’expression pour une œuvre presque cathartique. Cette œuvre est peut-être un peu moins connue et un peu moins dramatique on y voit le peintre Christophe Allori qui se représente avec la tête coupée. Il s’est représenté de cette manière parce que la dame qui tient sa tête lui a en réalité fait perdre la tête (7). Voici une œuvre assez intéressante, c’est un autoportrait d’Edvard Munch (8) représenté avec un morceau de squelette dans le bas du tableau. Dans les années 1920, on a assisté à un retournement de situation dans le monde de l’art, on a vu apparaître ce qu’on appelle le ready-made qui veut qu’on importe des éléments de la réalité dans le monde de l’art. A cet égard, le contexte, est extrêmement important. Ici, vous avez une œuvre bien connue de Damien Hirst Par cette œuvre extrêmement célèbre renforcée notamment par l’écho que les médias lui ont donné. C’est la représentation d’un crâne (9), ce n’est pas un vrai crâne humain mais c’est la représentation d’un crâne qui a été recouvert de vrais diamants. Les dents de ce crâne, elles sont bien réelles. Le titre de l’œuvre Pour l’amour de Dieu c’est ce qu’a dit la maman de Damien Hirst quand elle a découvert l’œuvre de son fils. Donc, c’est une sorte d’oxymore, si on veut parce qu’il y a un contraste entre les diamants qui sont éternels et le corps humain, le crâne, qui lui n’existe pas pour toujours. Aujourd’hui cet élément, le crâne, est devenu presque emblématique parce qu’on le retrouve partout sur les vêtements, dans les œuvres d’art … c’est quelque chose qui est vraiment représentatif de notre temps. Et puisque nous sommes en Belgique, je ne pourrais pas ne pas vous parler de Jan Fabre qui depuis le début de sa carrière s’est saisi de ce thème. A l’âge de 18 ans, Jan Fabre s’est rendu à Bruges pour étudier des œuvres des peintres flamands (10), pour s’en inspirer, il y a découvert toutes ces œuvres « primitives ». Il semblerait que c’est à ce moment-là qu’il ait décidé de devenir artiste tellement il s’en est ému. Dans cette œuvre de1978, l’artiste a utilisé son propre sang, et son corps devient le « paysage » de l’œuvre (11). Dans cette œuvre, le sang est utilisé comme sang salvateur et on se rappellera tous que déjà dans les années 1400, les peintres utilisaient le sang dans leurs œuvres. Ici aussi, l’artiste s’est représenté en utilisant son propre sang. On y voit d’une part l’artiste condamné et d’autre part l’artiste qui s’est représenté comme un pendu. Il y a cinq ans, dans le pavillon de l’Art Flamand à Paris, au Louvre, Jan Fabre a eu le grand honneur de pouvoir exposer ses œuvres. Il a utilisé des insectes, des parties de corps qui pour lui sont une manière de dialoguer avec le public. Dans ses différentes œuvres, il y a une présence très importante du sang mais également des larmes. Il y a quelques années à Venise, dans le cadre de la biennale, Jan Fabre a présenté cette Piéta (12). C’est lui-même qui s’est représenté à la place du Christ. On voit qu’il tient en sa main droite un cerveau qui représente la métamorphose du corps humain. Fabio Mauri, un grand artiste Italien décédé il y a peu s’est intéressé principalement au thème de la Shoah. Ici vous pouvez voir des dents humaines posées sur un morceau de bois (13). On a parlé du corps de l’artiste qui se fond dans le corps, avec le corps de l’œuvre. On a parlé du sang, mais ici, l’artiste a utilisé des cheveux : Mona Hatoum est une artiste, libanaise, palestinienne, dans sa culture, les cheveux ont une importance toute particulière (14 - 15). Il y a eu des cas extrêmes. Ici par exemple, l’artiste américain Chris Burden s’est fait tirer dessus par un de ces amis pour voir ce que ça pourrait donner d’un point de vue artistique (16 - 17)