Colloque Julius Koma COLLOQUE corrigé le 4 juin 2017 | Page 79

Enrico De Pascale :
Merci à tous d ’ être ici , merci de m ’ avoir invité . Je vais essayer de laisser davantage la place aux images afin qu ’ elles vous donnent l ’ occasion ensuite de nourrir votre réflexion et de vous donner l ’ occasion de poser des questions . J ’ ai commencé à m ’ occuper de ce thème il y a quelques années en temps qu ’ historien de l ’ art , parce que je me suis rendu compte qu ’ il y avait énormément d ’ images qui représentaient la mort où que l ’ on se rende que ce soit dans les églises ou dans tout autre lieu partout dans le monde . Ce thème est intimement lié à la religion catholique qui a fait de la compassion son thème central . La compassion du corps , est devenu le point de départ , qui nous permet d ’ aborder de manière différente la mort . C ’ est un thème qui est très ancien . J ’ ai décidé de m ’ en tenir pour vous à le présenter par la manière dont les artistes représentent le corps . Hier , j ’ ai entendu débattre d ’ un thème qui parlait de la vérité des images C ’ est un thème qui m ’ a particulièrement frappé . Je voulais revenir sur ce thème aujourd ’ hui . Quand on est confronté au monde de l ’ histoire de l ’ art , on sait très bien que ces images ont une part de simulation , donc on demande aux étudiants en histoire de l ’ art de faire preuve d ’ esprit critique . Ceci est très bien expliqué dans l ’ œuvre de Magritte , « ceci n ’ est pas une pipe ». C ’ est tout un jeu de langue et d ’ images qui se met en place . Tant en italien que dans d ’ autres langues , on utilise le mot « Corpus » pour désigner l ’ ensemble des œuvres qui sont produites par un artiste . Il arrive que ce « Corpus », que ce corps des œuvres coïncide avec le corps de l ’ artiste , on en vient à une sorte de corps à corps avec l ’ œuvre . Ce corps à corps avec l ’ œuvre a donné naissance à un moment donné au Body Art que tout le monde connaît . Le fait que l ’ artiste soit le créateur nous amène parfois une sorte d ’ analogie entre l ’ artiste créateur et le Dieu créateur . Voici l ’ autoportrait d ’ Albrecht Dürer ( 1 ) qui est bien connu et qu ’ on trouve à Munich . L ’ artiste se représente sous les traits de Jésus-Christ . Albrecht Dürer inscrit en dessous de son portrait : « Moi , Albrecht Dürer de Nuremberg à l ’ âge de 28 ans avec les couleurs appropriées je me suis créé moi-même mon image ». L ’ artiste se compare à Jésus-Christ et à Dieu et de ce fait , l ’ artiste est également un martyre . Et un martyre qui meurt et qui renaît chaque jour par l ’ art . Là , c ’ est un autre autoportrait d ’ Albrecht Dürer ( 2 ) qui est très représentatif de ce que je viens de dire et où on voit bien que l ’ artiste s ’ identifie au Christ martyre , à l ’ homme qui souffre tous les jours , qui meurt et qui renaît . De nombreux artistes se sont appropriés ce thème . J ’ ai essayé de trouver un artiste disons « local » James Ensor , qui a créé cette œuvre « le calvaire ». Ici , un artiste Italien , Luigi Ontani ( 3-4 ) depuis les années 1970 se photographie et se représente sous les traits de Jésus ou de martyres . Michel-Ange se représente sous les traits de Saint Bartholomé ( 5-6 ), dont la peau a été arrachée . Ça , c ’ est l ’ endroit exact où se trouve le Michel-Ange dans Giudizio Universale Cappella Sistina , Città del Vaticano .
79