Colloque Julius Koma COLLOQUE corrigé le 4 juin 2017 | Page 67

Le médecin légiste qui était présent a confirmé que c’était bien le corps d’une femme. Il s’est arrêté là parce qu’en 1997, la reconnaissance des reliques n’avait pas pour but l’aspect scientifique qui n’était que secondaire. L’évêque avait assumé seul la responsabilité, il peut décider de l’ouvrir sans avoir d’autorisation à demander à qui que ce soit même si sa décision n’a pas plu à la commission royale des monuments sites et fouilles qui aurait préféré être mise au courant. Dès l’ouverture pour les Montois et l’annonce de ce qu’on avait fait il y a eu unanimité. Pour les catholiques, il n’y avait pas de doute, l’évêque avait confirmé que c’était bien les os de Waudru, leur patronne. Pour les non-catholiques, et non-croyants, c’était les os d’une femme qui avait pu vivre au 7 ème siècle aux origines de la cité. La démarche n’a pas été la même pour saint-Vincent à Soignies. Dès l’ouverture, il y avait un comité scientifique qui était présent avec toute une série d’historiens. Un historien de l’art, un archéologue… A Soignies, personne ne mettait en doute la réalité de Vincent à l’intérieur de la châsse. Le regard était différent. Certains Sonégiens regrettaient simplement qu’on ait ouvert la châsse et qu’on ait dérangé Saint-Vincent. C’était donc deux regards, deux approches différentes. Maintenant je crois que les deux approches doivent pouvoir être complémentaires. On peut avoir l’aspect purement religieux et l’aspect scientifique pour en apprendre un peu plus sur l’histoire des textiles, des parchemins qui accompagnent. Dans le cas de Waudru, l’aspect scientifique a eu lieu à la fin de la cérémonie de reconnaissance. L’évêque a simplement demandé au médecin légiste de faire des analyses ADN, des analyses carbone 14. Le carbone 14 a donné comme résultats que les ossements retrouvés sont ceux d’une femme qui pouvait vivre au 7 ème siècle. Tout allait bien. Dès l’annonce des résultats, la foi s’en est mêlée. Quelqu’un a dit au doyen de Sainte Waudru qui est maintenant l’évêque : « vous ne pourrez jamais me prouver à 100% que c’est Waudru ». L’évêque a simplement répondu « maintenant, c’est à la foi de chacun d’intervenir. Si vous voulez croire que c’est Waudru, bien c’est Waudru. Si vous ne voulez pas croire que c’est Waudru, vous êtes libre de ne pas y croire ». Ce sera une affaire de foi. On ne pourra évidemment jamais prouver à 100% que c’est Waudru dont nous avons les restes ici à Mons. Revenons sur le reliquaire que j’ai amené. Ce reliquaire est celui qui a été donné en septembre 1804 à Henriette d’Espagne, dernière chanoinesse de Sainte Waudru en résidence à Mons. Elle résidait Rue Notre –Dame Débonnaire où habite maintenant Christiane Piérard. A sa mort, ce reliquaire partit dans les collections de son neveu à Ecaussinnes. Et puis, le neveu en fit don à la Communauté du Sacré-Cœur. Les supérieurs vont se transmettre de supérieure en supérieure ce petit reliquaire jusqu’ à sœur Vianney, la dernière des supérieures. Elle m’a un jour appelé en me disant : moi, je ne serai bientôt plus là, mais de temps en temps, tu lui fais un clin d’œil pour qu’il continue à me protéger. La relique, elle la voyait comme une protection pour elle, elle qui n’était absolument pas Montoise soit dit en passant. Elle n’est pas née à Mons, Sœur Vianney. Elle était de Binche. Donc le rapport avec Sainte Waudru a été différent. Elle m’a dit, un jour : « tu en feras ce que tu veux ». Alors, le « t’en feras ce que tu veux », moi ça me pose problème. Est- ce que je le transmettrai à un autre conservateur de la collégiale ? Est-ce que je le déposerai au trésor de la collégiale, où il y a déjà d’autres reliques de Waudru, est-ce que je le déposerai dans les collections communales Montoises pour qu’il y ait quelque part une relique de Waudru ? Pas certain que ce soit ce qui est à faire, pas sûr, je ne sais pas. Est-ce que je le déposerai ailleurs ? Je n’en sais rien. Est-ce que je le laisserai dans ma famille ? Je ne sais pas. Elle m’a laissé carte blanche. Mais, je n’oublie pas ceci : outre le fait que ce soit un reliquaire de Waudru, c’est d’abord un fragment d’une personne qui a vécu au 7 ème siècle. Est-ce que j’ai le droit de l’avoir à la maison, de le conserver ? Est-ce qu’il ne 67