Colloque Julius Koma COLLOQUE corrigé le 4 juin 2017 | Page 65

à voir . Ce n ’ est plus Waudru qui protégeait ses chanoinesses mais ses chanoinesses qui avaient protégé Waudru . Ce n ’ était pas innocent de la part des chanoinesses si elles avaient protégé les reliques de Waudru en 1794 . C ’ est parce qu ’ elles espéraient discrètement revenir et tant qu ’ elles avaient les reliques , elles avaient le pouvoir et elles avaient l ’ autorité . Donc , ce geste n ’ était pas gratuit . Elles ont quand-même toutes accepté le reliquaire de Waudru en 1894 , plus tard . Une relique normalement se trouve dans un endroit bien précis . Dans une église . Les églises ont évolué . Les reliquaires ont évolué . La pratique religieuse a évolué . Dans les églises , on a créé des trésors , qui sont devenus des lieux de visite . La relique de Waudru qui est dans la châsse ne pose en général pas de problème . Une autre relique se trouve au trésor . Je ne suis pas certain qu ’ il y ait grand monde qui voit le fragment de côte qui y est exposé . C ’ est une œuvre du 15ème siècle , réalisée par Laurent Herbaut , en argent au poinçon de Mons avec toutes ses caractéristiques . La relique passe au second plan . Alors , quand les reliquaires partent en exposition , que devient la relique ? Dans 99 % des cas , c ’ est pour le reliquaire , pas pour la relique . Pour les plus petits reliquaires , la relique est rarement enlevée du reliquaire . Pour les grands reliquaires , quand il y a une exposition , c ’ est le reliquaire qui part , pas la relique . En 1987 , la châsse de Sainte Waudru a été exposée en Allemagne pendant trois semaines . Certains s ’ en souviennent peut-être . Le cercueil avait été enlevé de la châsse et remis sur le plateau au-dessus du maître-hôtel pendant trois semaines . Seul le reliquaire était exposé . La relique resta là où elle doit être vénérée . Je ne suis pas certain que la communauté catholique de Sainte Waudru apprécierait de savoir que le reliquaire de Waudru- châsse ou chef- est exposé et que la relique n ’ est plus à Mons . Le chef de sainte Waudru a passé il y quelques années à peu près trois mois à Anvers . C ’ était le reliquaire vide . La relique était conservée à Mons . La tête était restée ici . Ce n ’ est faisable qu ’ avec les grands reliquaires . Pour les petits , on ne peut pas . On peut s ’ interroger alors sur que ce devient la relique . Est-elle encore là comme relique ou est-elle simplement un décor à l ’ intérieur du reliquaire ? Quel est l ’ objet de l ’ exposition , la relique ou le reliquaire ? Qui fait l ’ étude de la relique ? Je parle ici pour Waudru qui dans le cas de Mons a un rôle à part et une place très privilégiée . Passez un jour au trésor , regardez au-dessus d ’ une des vitrines , vous avez une belle châsse en cuivre de 1910-1920 . A l ’ intérieur , il y a ce que j ’ appelle des sacs fourre-tout . A l ’ intérieur de ces sacs , vous avez 700 petits paquets pliés , scellés avec les reliques qui ont été profanées à la révolution française . Les Ursulines ont offert cette châsse au début du 20 ème siècle pour mettre en vrac , sans inventaire , sans rien , des centaines de reliques qui traînaient . En fouillant , on y a retrouvé un petit papier avec « reliques des parents de Waudru », et une relique de Sainte Aldegonde . Ça tombait bien , on n ’ en avait pas à Mons . On a aussi retrouvé une relique de Saint Hilaire qui a été replacée dans le buste relique qui est dans la Collégiale . La relique originale a été volée il y a quelques années en pleine journée . On a pu recompléter le reliquaire . Ces reliques-là ont encore de la chance , elles sont dans un reliquaire qui est visible . Au coffre-fort de la sacristie se trouve une châsse en bois du 20 ème siècle mise on ne sait trop comment pour pouvoir fermer la porte du coffre . Il y a beaucoup de choses à mettre dedans . A l ’ intérieur vous avez des os , des mâchoires et autres os là conservés les uns sur les autres . Certaines reliques sont marquées d ’ un morceau de sceau , certaines avec un morceau de ce qui fut peut-être un parchemin ou un acte de reconnaissance , je n ’ en sais rien . Dans les tiroirs d ’ une armoire de la sacristie , vous avez un grand plateau rouge sur lequel sont attachés des os recouverts d ’ une couche de poussière , qui traînent , que plus personne ne regarde . Ces reliques ont- elles encore le respect qu ’ elles devraient avoir ? Les personnes dont on a ces traces matérielles , sont-elles respectées comme elles le mériteraient ?
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