Colloque Julius Koma COLLOQUE corrigé le 4 juin 2017 | Page 63

Benoit Van Caenegem : Alors pour parler des reliques, ce que j’ai fait, c’est d’amener une relique. Le power point et tout ça, ce n’est pas mon fort. J’ai préféré prendre directement l’objet dont je vais vous parler. Une relique, c’est ce qui reste du corps d’un Saint, d’un personnage sacré ou un objet qui lui a appartenu et qui fait l’objet d’un culte. Le corps d’un Saint dès que sa canonisation l’érige en modèle est également porteur de pouvoir, le pouvoir de protection bien sûr, et un pouvoir d’autorité. Quand on prend le cas de Sainte Waudru, à qui je ferai souvent référence, elle protégeait, mais elle donnait du pouvoir aussi aux chanoinesses qui détenaient le corps. Quand on regarde tous les textes, les chanoinesses signalent bien à partir du 13 ème siècle jusqu’en 1794 que les reliques de Sainte Waudru sont leur propriété personnelle. Elles ne sont pas propriété du chapitre, ni propriété de la ville de Mons. Elles sont propriété de 30 femmes qui quelque part sont les filles spirituelles de Waudru. Qui détient les reliques, détient également le pouvoir. Donc, le pouvoir de protection et le pouvoir d’autorité dans les reliques. Les Saints sont souvent appelés pour une protection à accorder à une communauté, à une confrérie, à un individu. Ce qui va aussi expliquer différents types de reliquaires : de très grands reliquaires pour les communautés urbaines, les grandes châsses, des plus petits reliquaires pour les confréries et de plus petits reliquaires encore quand il s’agira de particuliers qui ont le privilège, l’autorisation de détenir une relique de tel ou tel Saint. La taille du reliquaire indique aussi pourquoi, pour qui, comment il a été fait et pensé. Les reliques du Saint acquièrent leur pouvoir quand le saint est béatifié d’abord, canonisé ensuite c’est à dire « s’il a la chance d’être martyre ». Il y a comme une espèce de stage pour la personne qui va devenir Sainte. Le Saint est reconnu Saint après un miracle. Mais il n’est pas encore ni bienheureux, ni Saint. Il y a une espèce là d’intermède où ce qui reste du saint est dans une situation un peu ambigüe. Est-ce qu’il est peut fournir déjà une relique ? On n’en sait rien. La question va évoluer et vous verrez tout à l’heure que la position de l’église à ce sujet change particulièrement. Je prendrai un exemple avec trois personnes qui se sont succédées très rapidement au niveau de la béatification. Dans nos sociétés, les morts ont « la chance », pour beaucoup d’entre eux de reposer en paix. Il suffit de regarder de nombreuses tombes RIP – requiescat in pace – Il n’y a pas de châsses, de reliquaires sur lesquels, il est écrit –RIP : requiescat in pace. Les morts ordinaires peuvent reposer en paix, pas vraiment les Saints. Leurs reliques sont démembrées, divisées. Ils vont avoir une deuxième vie par leurs os. Les os ne seront pas cachés, ils seront mis en scène. Ils seront promenés, processionnés dans des spectacles parfois. Ils seront mis en scène à l‘intérieur d’objets que l’on veut beaux, des grandes châsses. Les grandes châsses en général, dissimulent tout à fait les os qui sont à l’intérieur emballés dans un tissu, un linceul souvent très précieux. 63