Colloque Julius Koma COLLOQUE corrigé le 4 juin 2017 | Page 56

collectif des films , dans le monde littéraire et cinématographique notamment . Une autre idée aussi est que dans notre société contemporaine , la mort physico-psychique serait une contre-valeur dans une société de performance . Alors pourquoi montrer et regarder les morts ? Il y a des raisons à ça , objectives et valables , sans doute . Je pose la question en tout cas : maîtriser l ’ idée de la mort est -il de l ’ expulser ? S ’ agit-il de faire le deuil ? On a indiqué combien il est important de retrouver les corps pour faire le deuil , ça été évoqué par l ’ orateur précédent . S ’ agit-il d ’ expier , de purifier ? S ’ agit-il d ’ édifier , de montrer ? Aussi d ’ informer ? De mettre en garde ? Je pense qu ’ on a de plus ou moins bonnes raisons de montrer des corps morts . Dès lors qu ’ on montre des corps il faut voir le contexte dans lequel ils sont montrés . Je vais prendre un exemple : dans un contexte médical , - j ’ aurais pu représenter un squelette dans un cabinet médical – il n ’ est pas lu , par celui qui le voit de la même façon que s ’ il trouvait ce squelette dans sa cuisine . Léonard de Vinci , a à la fois fait acte de science et d ’ art dans ses schémas de corps ou de morceaux de corps . Il faut bien se rendre compte qu ’ il a dû observer des corps disséqués , des corps morts . Alors , pour paraphraser Magritte , ce codage permet finalement une lecture paradoxale , : « ceci n ’ est pas un cadavre ». Un code encadre ce qu ’ on voit qui rend le corps acceptable , et pas effrayant du tout . Ici pour Julius Koch , c ’ est le caisson en bois et le contexte du musée qui vient faire office de code . Alors , ce qu ’ il faut contourner c ’ est l ’ idée de vivre dans l ’ idée de la mort par tout ce qui est consécutif à des actes horribles , l ’ intention de nuire , tout ce qui est négationnisme et refus de reconnaitre des faits horribles . Là , on est évidemment dans des images qui nous plongent dans l ’ idée de vivre dans la mort ; le mortifère . Ce qui est aussi dans l ’ idée de la mort , en tout cas de mon point vue , c ’ est tout ce qui concerne , on l ’ a évoqué tout à l ’ heure , la marchandisation de la mort . Pourquoi ne pas montrer ni regarder le corps mort ? Banalisation ? Glorification ? Mercantilisme ? etc . On a évoqué aussi tout à l ’ heure l ’ exhibitionnisme et le voyeurisme . Si on prend l ’ actualité , faut-il montrer la décapitation des otages par les islamistes ? En conclusion de mon propos , en principe la monstration de corps morts ne provoque pas en soi de traumatisme psychique . Ceci dépend de l ’ importance du contexte de la monstration . J ’ évoquais la notion de code tout à l ’ heure . L ’ importance de l ’ intention de la monstration : pourquoi on montre ? on a vu que l ’ intention de nuire était délétère et que de toute façon il faut toujours accompagner les enfants . Pour terminer sur une note pas trop mortifère : la mort sublimée , je vous propose de terminer en termes d ’ humour . Si vous allez sur internet vous allez trouver des illustrations à profusion où on reconnait notre Kroll national , Gotlib et son Super Dupont , et puis aussi la danse macabre de Saint Saëns , une œuvre bien connue , le dormeur du val de Rimbaud ou une piéta , donc qui sont des représentations de la mort mais ici tout à fait , ici , esthétiques . Voilà , je vous remercie de votre attention .
Intervenant :
Je voulais juste appuyer ce qui a été dit , comme je l ’ ai dit dans mon exposé tout à l ’ heure sur le musée de l ’ anatomie , il y a parfois des classes avec des élèves relativement jeunes qui viennent visiter le musée d ’ anatomie , de notre laboratoire à l ’ ULB . Ce musée ne se visite que par groupe encadré par un membre du corps enseignant . Quand quelqu ’ un va voir une exposition de Von Hagen , il n ’ y pas d ’ accompagnement pédagogique ! Chez nous je n ’ ai effectivement jamais rencontré de traumatisme psychique , des corps sont démontrés à des fins scientifiques avec un encadrement explicatif et c ’ est l ’ importance du contexte d ’ accompagnement pédagogique de toutes les conditions anatomiques .
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