Colloque Julius Koma COLLOQUE corrigé le 4 juin 2017 | Page 55

rendre la monstration plus acceptable voire plus supportable . Autre idée mais qui découle de la précédente : c ’ est que nous sommes donc amenés à vivre avec l ’ idée de la mort . Je vous ai parlé de rituels , les sociétés mettent en place toute une série de rituels qui permettent notamment des passages d ’ un état à l ’ autre . J ’ ai parlé de la crise qui est un moment de passage à un autre état , la mort , qui est aussi un moment de passage à un autre état . Ce qui permet de remplir toute une série de fonctions , d ’ intégrer le passage , de donner un apaisement , par rapport à la suite , d ’ accepter ce passage , de ne pas le passer seul . Il y a une idée d ’ accompagnement , qui permet une réorganisation ; notamment quand une famille perd un proche . Dans ce cas des dispositions sont à prendre , qui viennent de surcroit , qui sont pénibles mais qui sont en même temps inévitables Elles permettent - très important pour l ’ être humain , puisque nous avons un cortex préfrontal qui permet de se projeter dans l ’ avenir - de pouvoir se projeter dans un futur vivable . Ceci renvoie aussi à la notion de travail de deuil . On pensera ici aux travaux fondateurs d ’ Elisabeth Kubler Ross , qui avait accompagné des mourants , qui a été pionnière dans ce domaine et qui a décrit toute une série d ’ étapes par lesquelles généralement on passe lorsqu ’ on est confronté à l ’ idée de mort . Que ce soit pour soi ou pour des proches . Une autre idée est celle de commémoration et de mémoire . Comment perpétuer le mort ? Evidemment il ne s ’ agit pas de monstrations de corps mais de rituels autour de monuments funéraires . Et l ’ enfant dans tout ça ? Est-ce qu ’ il faut lui montrer des choses qui peuvent représenter l ’ idée de mort ? Ce qu ’ il faut bien comprendre c ’ est que les enfants ne sont pas , n ’ abordent pas la mort de la même façon que les adultes . Ils usent davantage que nous d ’ un phénomène psychique bien connu qui s ’ appelle le clivage , qui consiste à méconnaitre une partie d ’ une réalité parce que cette partie-là n ’ est pas assimilable , du moins immédiatement . Quand elle n ’ est pas supportable par exemple lors de l ’ annonce à un enfant de la mort d ’ un de ses parents . A la stupeur générale , après un moment de réflexion l ’ enfant retourne jouer avec ses lego ou demande à manger . Ce qui est parfois mal compris , mal interprété par les adultes . C ’ est parce que l ’ enfant doit assimiler la réalité par petits paquets , par petits morceaux . Il clive , il laisse maturer et puis il va revenir et il va prendre un morceau si je puis dire , jusqu ’ au moment où il peut à son rythme , métaboliser le choc . C ’ est un phénomène qu ’ on retrouve aussi chez les adultes mais de façon moins marquée . Chez l ’ enfant , la mort peut être assimilée à la notion d ’ abandon , de punition ou encore à la notion de méchanceté . On tue les méchants . Ça c ’ est typique dans le discours des enfants . Autre idée que je souhaite semer , dans l ’ assemblée , c ’ est qu ’ évidemment l ’ attitude , mais je pense que ça a dû être évoqué ce matin , par rapport à la mort varie selon les époques mais aussi selon les cultures . Certaines cultures que ce soit en Chine ou en Amérique du sud , acceptent que l ’ on aille manger au cimetière avec les morts . On leur sert même un verre mais c ’ était vrai à une certaine époque chez nous au Moyen Age . On y faisait le marché à une époque apparemment beaucoup plus religieuse pourtant . Donc le rapport à la mort a changé . Alors et quid de l ’ adulte ? Dans tout adulte il y a un enfant et un enfant dans l ’ adulte . Mélanie Klein psychanalyste pour enfant , disciple de Freud , et une thérapeute belge , thérapeute familiale , Edith Thielemans ont réfléchi à l ’ enfant dans l ’ adulte L ’ idée à retenir ici est que la pensée infantile à propos de la mort subsiste dans l ’ inconscient collectif et dans l ’ adulte . Ce qui m ’ amène à parler de Mélanie Klein est le fait qu ’ elle a évoqué la notion de mauvais objet qui est en fait une théorisation de et comment l ’ enfant essaye de cerner dans son psychisme , l ’ ensemble des expériences de frustration voire d ’ effroi qu ’ il a rencontrées . Alors , qu ’ est-ce qu ’ on peut faire avec ces mauvais objets ? Et bien on peut les projeter vers l ’ extérieur . Et une façon de les projeter c ’ est dans l ’ inconscient
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