Colloque Julius Koma COLLOQUE corrigé le 4 juin 2017 | Page 29

avec la surcharge pondérale de l’individu. Certaines observations sont associées aux séquelles d’amputations successives qu’ a connues Julius Koch. L’examen attentif de la selle turcique, cavité crânienne qui contient la glande hypophysaire, nous montre un élargissement majeur, témoin secondaire de la tumeur qu’elle contenait, confirmant le diagnostic d’adénome hypophysaire (Fig. 3) Fig. 3 : élargissement majeur de la selle turcique (flèches), visible à la fois dans l’endocrâne ) du spécimen, et, sur la coupe sagittale reconstruite en scanner. Le plancher de la cavité est même érodé. L’acromégalie et le gigantisme sont secondaires à une tumeur hypophysaire appelée adénome éosinophile, qui secrète des quantités anormales d’hormone de croissance, responsables ici d’un excès de stature avec retard de fermeture des cartilages de croissance (avec persistance tardive de l’élongation osseuse), dont l’aspect « juvénile » du squelette constitue un témoignage clair. Mais la sécrétion excessive de cette hormone a bien d’autres conséquences : elle entraîne une intolérance du glucose, menant au diabète sévère (et aux complications vasculaires qui ont mené chez Constantin à des amputations répétées), un hypogonadisme, à des troubles de la vision, et bien sûr à l’arthrose précoce. L’apparition de ces différentes complications peut être suivie, dans la biographie de Julius Koch. Elles sont à l’origine du décès précoce des sujets qui n’ont pas fait l’objet d’une prise en charge thérapeutique causale (le traitement de l’adénome). Actuellement, la tumeur hypophysaire peut être diagnostiquée par imagerie par résonnance magnétique (Fig. 4) et faire l’objet d’un traitement précoce. Fig.4 : démonstration clinique d’une tumeur hypophysaire par IRN (en haut à gauche) (Flèche), en comparaison d’une hypophyse normale (au milieu). On peut évaluer les effets de la tumeur sur les dimensions de la selle turcique avec le crâne de Julius Koch (à droite). Importance de la conservation de tels vestiges dans les musées et les conservatoires anatomiques. Comme on peut le constater, des techniques modernes ont été appliquées à l’analyse du squelette et nous ont offert des informations utiles, à la fois du point de vue pédagogique qu’au plan scientifique. L’inhumation de ces vestiges nous eût empêchés de procéder à une telle analyse, et de précieuses informations eussent été perdues. De surcroît, le traitement précoce de ce désordre endocrinien supprime fort heureusement chez les patients les complications à long terme de l’acromégalie, et il en résulte qu’un cas aussi exemplatif pour la formation médicale devient rarissime. Ainsi, la conservation de matériel anatomique, tant normal que pathologique, nous offre un précieux outil de recherche et d’enseignement. Les musées d’anatomie (Fig.5) sont d’indispensables auxiliaires de l’enseignement d’anatomie, et, à moins de considérer cette discipline comme uniquement théorique, ont leur place dans toute faculté digne de ce nom. Fig. 5 : vue générale du Musée d’Anatomie et Embryologie de l’ULB Outre l’aspect didactique, la conservation de spécimens pathologiques anciens permet, lorsque de nouvelles techniques apparaissent et sont susceptibles de leur être appliquées, de générer des informations scientifiques inédites et d’améliorer notre connaissance de pathologies devenues rares. Ceci est particulièrement vrai dans le cas de malformations congénitales (Fig.6), actuellement dépistées précocement pendant la grossesse, et qui font l’objet d’interruptions de la grossesse précoce. 29