Colloque Julius Koma COLLOQUE corrigé le 4 juin 2017 | Page 111
l’autorité du prof. Mais ça marche, et ça marche bien. Donc, c’est vrai qu’on a vu des
expositions où on montrait des licornes ! Les licornes étaient vraies puisqu’elles étaient
rentrées dans le musée !
Nathalie Nyst :
Certains font exprès de maintenir une ambiguïté.
Je pense au musée Ripley, c’est une entreprise privée dans la continuité du collectionneur
Robert Ripley qui au début du XXème siècle, rassemble des objets qui auraient simplement
leur place au musée de curiosités comme la truite à fourrure. Ripley, de son vivant,
maintenait une forme d’ambiguïté. Ces « institutions » font cohabiter des objets de musée,
des objets construits et des pièces tout à fait dans le style du géant ici, des personnes avec
des particularités physiques remarquables, sous forme de films, sous forme de restes
humains.
Il y a un public pour cela et « ces institutions », ces établissements attirent chaque année
beaucoup de monde.
Intervenant :
Moi je suis inquiet pour une chose.
Qu’on fasse des expositions pour développer l’esprit critique, qu’on le fasse il y a 20 ans, 25
ans … le manuel scolaire et les télévisions éducatives alors faisaient foi.
Mais actuellement, il suffit d’explorer Internet, de regarder tous les films sur You tube et de
voir des falsifications du genre « un homme mangé par un anaconda » ou des choses
comme ça, invraisemblables, diffusées comme étant des réalités !...
Je pense qu’actuellement, il est dangereux de « consacrer » ce genre de falsifications.
Même s’il existe des allusions sous forme de notices de bas de page, le contexte éducatif
général autour de nos jeunes banalise les falsifications alors que jadis, entre la télévision
scolaire et le professeur, il y avait peut-être moins de risques de se faire prendre.
Et donc je pense que ça devient dangereux.
Stéphane Hendrick :
Oui peut-être.
Une chose que je n’ai pas eu le temps de développer à propos de la plastination : tout le
monde est plus ou moins mal-à-l’aise par rapport à ces expositions.
On ne peut pas s’empêcher d’aller voir, notamment sur Internet.
Et en même temps on est pris d’un malaise. Ce malaise, moi je pense qu’il résulte de la
perception qu’on a tous, qu’il y a quelque chose de pervers là-dessous. C’est pervers dans le
sens où, je parlais tout à l’heure d’« intention ».
Le projet du pervers c’est de déshumaniser, de transformer l’autre en objet. Le plaisir
suprême du pervers c’est d’entrainer l’autre dans sa propre perversion. Or le brouillage,
comme l’a bien indiqué le comité d’éthique en France, c’est ça.
Il y a une confusion des intentions, pris dans l’intention scientifique, l’intention de savoir, on
est en même temps pris dans quelque chose où, on l’a évoqué, on va voir un
corps particulier.
Peut-être des gens qui ont été condamnés à mort, à tort ou à raison ?
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