Colloque Julius Koma COLLOQUE corrigé le 4 juin 2017 | Page 107
Stéphane Louryan :
J’utiliserais un moyen terme.
Effectivement, je vois que vous êtes très bien informé sur l’histoire Pandy.
Donc pour ceux qui ne savent pas, il s’agissait d’un corps – notre service n’est pas du tout
impliqué dans cette affaire, cela ne s’est pas passé chez nous – mais un corps qui avait été
légué effectivement, dans le cadre de l’enseignement, avait été utilisé par des médecins
légistes pour mesurer le temps qu’il fallait pour faire disparaître un corps dans des
détergents agressifs que le Père Pandy aurait utilisés pour faire disparaître ses victimes.
Ce n’était évidemment pas dans le « contrat » entre guillemets de legs de corps.
Le problème de la « Ferme des corps » est un petit peu spécifique parce que la taphonomie,
c’est-à-dire la façon dont les corps se désintègrent dans tel ou tel lieu, est une discipline tout
à fait fondamentale de médecine légale.
C’est vraiment de la recherche utile pour la communauté.
Je pense qu’il faut informer les gens. Je ne crois pas qu’il faille établir des conditions strictes.
Je pense qu’il faut simplement dire, quand les gens le demandent, « qu’est-ce que vous
comptez faire de mon corps ? ».
Alors on les reçoit et on leur explique qu’il y a soit la dissection pour les étudiants soit des
expérimentations que nous faisons dans le domaine de l’anatomie fonctionnelle. En général,
ils sont très contents d’être avertis de ce qu’on va faire et généralement, nous faisons ce que
nous disons et nous disons ce que nous faisons. Je pense que si certains veulent utiliser les
corps dans des cadres très particuliers, comme le cadre médicolégal, alors l’information
devrait percoler au niveau des donateurs en disant : « écoutez, si un contrat est signé, on
peut, dans ce contrat, écrire en annexe, que ce corps pourrait servir à des expériences
médicolégales dont le but est de pouvoir faire en sorte que la justice triomphe dans des
dossiers difficiles, avez-vous ou non un problème vis-à-vis de ce genre d’utilisation ? ».
Je crois que c’est mieux que d’y mettre des conditions ou de n’en pas mettre du tout. Mais
l’essentiel, c’est que ce qu’on dit aux gens soit respecté, simplement par déférence vis-à-vis
d’eux. Je pense que c’est comme ça qu’il faut voir les choses.
Stéphane Hendrick :
Il y a deux points que j’ai soulevés. Le premier fait suite à l’exposé de Frédéric Soumois.
Il y a environ une dizaine d’années J’ai visité avec un groupe d’étudiants une exposition au
PASS dans laquelle on voyait « un yéti ». Un corps velu présenté comme le corps d’un yéti.
Alors, évidemment on était un peu surpris. Il y a eu pas mal de discussions entre nous et on
a fini par aller trouver les responsables du PASS en leur disant « mais qu’est-ce que c’est
que ce truc ? Qu’est-ce que ça fait ici ? ».
La réponse est une réponse qui aurait tout à fait sa place dans notre colloque aujourd’hui, à
mon avis complètement irrecevable : « ce que nous voulons, c’est précisément susciter votre
question ! ».
Est – ce intéressant d’en arriver à cette question-là ?
Qu’est-ce qui est vrai ? Qu’est-ce qui n’est pas vrai ? ».
On leur a dit : « ok, mais enfin, poser alors cette question sous cette forme-là ?».
Mais pour 9 visiteurs sur 10, elle ne se pose pas.
On voit le yéti et le yéti est là, le yéti a existé et le yéti est présenté comme un élément d’un
musée, donc avec sa caution. Sa vérité ou sa scientificité.
Evidemment. Nous avions eu plein de discussions avec le responsable du site du PASS en
nous opposant.
Pour nous, ça ne va pas du tout . Mais ils avaient maintenu leur point de vue.
Intervenant :
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