Bâtir sur l´innovation – Histoires de Construction de Défense | Page 67

Cette formule , toutefois , n ’ était pas la seule que CDL expérimentait . En effet , Lorne Atchison , président de la Société de 1985 à 1996 , se souvient d ’ une idée novatrice de « ballon » intérieur :
Qui , dans l ’ industrie de la construction au Canada , n ’ a jamais rêvé d ’ un espace de travail chauffé , sec , à l ’ abri du vent et bien éclairé où travailler en hiver ? Eh bien , c ’ est exactement ce qu ’ on a créé à la BFC Valcartier pendant l ’ hiver 1971-1972 !
Les premiers modèles issus de la table à dessin dans le cadre de ce grand projet de gestion de construction étaient ceux des fondations et des superstructures de quatre nouveaux bâtiments pour les quartiers du personnel non officier . Cependant , malgré tous les efforts fournis , l ’ appel d ’ offres pour la structure n ’ a pu être lancé qu ’ à la fin de l ’ été . Évidemment , on ne pouvait pas faire grandchose pour devancer le calendrier , et on ne pouvait rien faire du tout pour retarder l ’ arrivée de l ’ hiver .
C ’ est Phil Coulter , un employé de la société d ’ ingénieursconseils A . D . Gagnon and Associates , qui a proposé une solution consistant à acheter et installer deux structures gonflables ( que tout le monde appelait des ballons ) aussitôt les fondations des deux premiers bâtiments coulées et remblayées . Il serait ensuite possible de construire les superstructures à l ’ intérieur de ces structures gonflables , au sec et au chaud . Une fois les deux premières superstructures terminées , on démonterait les ballons pour les transférer sur le chantier des deux derniers bâtiments .
C ’ étaient les plus gros ballons jamais utilisés sur un chantier de construction et c ’ était la première fois que quelqu ’ un s ’ en servait dans le climat rigoureux de l ’ hiver canadien . Ils étaient maintenus en place par la pression de l ’ air ; en fait , il s ’ agissait simplement d ’ immenses tentes sans fond . Au sol , il y avait un large rabat qu ’ on avait replié vers l ’ intérieur et qui était maintenu en place par du sable . Les ballons étaient faits d ’ un tissu qui ressemblait à de la toile blanche enduite et qui laissait passer assez de lumière pour qu ’ on ait seulement besoin d ’ éclairage artificiel après le coucher du soleil . L ’ espace que créaient ces ballons était très propice au travail . Ils mesuraient environ 20 mètres de haut , 40 mètres de large et 70 mètres de long . Lorsqu ’ on pénétrait dans ces structures , on était envahi par une impression d ’ immensité spatiale .
Après six semaines de travail , les ouvriers avaient réalisé environ 80 % des superstructures , ce qui , selon M . Atchison , représente un taux de progression impossible , même en été . Malheureusement , l ’ emplacement choisi pour les génératrices de secours , à l ’ extérieur des ballons en raison des gaz d ’ échappement , deviendrait problématique .
Le premier vendredi de février , une grosse tempête de neige a frappé la région de Québec en soirée . Après quelques heures de tempête , nous avons manqué d ’ électricité à la base . On a essayé de faire démarrer les génératrices , mais elles n ’ ont jamais pu , parce qu ’ il y avait trop de neige partout , y compris sous le capot . Les ballons se sont mis à perdre de la pression , et leur tissu a commencé à battre au vent . L ’ ennui , c ’ est que les superstructures présentaient des milliers de joints de maçonnerie pointus , de tiges d ’ armature en saillie et de cadres de porte en métal . Le tissu s ’ est littéralement déchiré en lambeaux : les deux structures gonflables étaient complètement détruites . Il a fallu remettre au printemps la fin des travaux .
Pour la construction des deux derniers bâtiments , on a commandé deux nouveaux ballons . Cette fois , on a pris soin d ’ installer les génératrices à l ’ intérieur , mais avant même le début des travaux , le tissu de l ’ un des deux ballons s ’ est encore déchiré en lambeaux sous l ’ effet de grands vents . Le quatrième ballon a été plus chanceux , bien que le tissu en ait , lui aussi , quelque peu souffert .
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