Bâtir sur l´innovation – Histoires de Construction de Défense | Page 46

Peu à peu, je me suis rendu compte qu’il s’agissait en fait d’un Cri vêtu de noir, et qui portait un chapeau dont pendait un tissu, noir lui aussi, qui lui recouvrait la nuque. Soulagé, je suis sorti de mon trou pour aller lui parler. Le problème, c’est qu’il ne m’avait pas encore vu, et ça, je n’y avais pas pensé; en surgissant devant lui, je lui ai donné la frousse de sa vie. Puisque nous ne nous comprenions pas, je lui ai offert une cigarette pour tenter de le calmer. Évidemment, il n’avait pas envie de socialiser avec le crétin qui venait de surgir d’un buisson pour lui foutre la trouille. À mon départ de Moosonee en 1962, l’un des aînés parmi les Cris m’a avoué qu’ils avaient commencé à me surnommer « l’homme qui attire les maringouins » en 1959, au début de l’opération de débroussaillement. Ça m’allait très bien comme surnom! Donc en fin de compte, je n’ai pas été vaincu par les ours, mais bien par les maringouins. Pointage final de la Coupe Moosonee de 1959 : Maringouins 1, Ours 0. Bob Givens a commencé à travailler pour CDL en 1959. Il était un ancien ingénieur militaire. Au moment de sa retraite, en 1979, il était ingénieur de secteur au bureau régional de l’Ontario à Toronto. Projets : Au travail avec les États-Unis Programme de bases de ravitaillement pour le Strategic Air Command (SAC) Le SAC avait pour mission de lancer des attaques aériennes contre un ennemi, et on considérait que son existence seule suffirait à dissuader les attaques contre les États-Unis, puisqu’il était question d’armes nuclé- aires qui seraient lancées à partir de bombardiers d’abord et, plus tard, au moyen de missiles. Afin de consolider l’effet dissuasif, on considérait essentiel que le SAC soit en mesure de soutenir le bombardier entre 36 Le saviez-vous? Il était impossible de creuser dans le pergélisol de l’Arctique. La solution consistait donc à percer des trous dans le pergélisol, à y insérer des pieux et à remplir le vide de sable et d’eau qui, en gelant, maintenaient les pieux en place. On laissait un vide entre le plancher de l’immeuble et le sol afin d’éviter tout transfert de chaleur pouvant entraîner la fonte du pergélisol. la base qu’il venait de quitter, aux États-Unis, et sa cible, en Union soviétique. En février 1957, le gouvernement du Canada a donc autorisé les États-Unis à se construire des installations de ravitail lement à Frobisher Bay (devenue Iqaluit), ainsi qu’à Churchill, Cold Lake et Namao. Malheureuse- ment, deux problèmes ont retardé la mise en œuvre du programme : l’élection d’un autre parti au gouverne- ment fédéral et le refus, par le département d’État des États-Unis, de réserver l’ensemble du travail aux seuls entrepreneurs canadiens. En fin de compte, le traité officiel stipulait que les deux pays allaient s’entendre au sujet des procédures de construction, mais offi- cieusement, le secrétaire de la U. S. Air Force a écrit au ministre de la Production de la défense pour lui dire qu’il respecterait la condition imposée par le Canada. En juin 1958, le programme a reçu l’approbation du Parlement, et c’est sans tarder que CDL s’est mise au travail. Faisant appel à son autorité conférée en vertu de la Loi de 1950 sur les crédits de défense, elle a utilisé des fonds sans affectation du Trésor du gouvernement afin de publier, en juillet, les demandes de soumission pour le projet de Frobisher Bay. Cette décision a permis la livraison des matériaux sur le site et le commencement des travaux la même année. Bâtir sur l’innovation Construction de Défense Canada