BCarlington News Magazine 2 | Page 56

— Tu as quel âge ?

— 19 ans.

— Tu sais au moins où tu voulais mettre les pieds ?

— Oui.

— Bien. Et tu voulais quelle place ?

— Peu importe du moment que ça paye bien.

— Et si on t’avait mis dans les bras de clients ?

— Ça me va, j’ai l’habitude.

En silence, Lysandro médita ses réponses. Bien qu’il gardât pour lui la véritable raison de sa venue à l’Orchidée, il ne mentait pas. L’enfant était intelligent, la vérité était le meilleur moyen d’éviter les soupçons. Il lui faudrait le surveiller de près.

Devant son silence, Ashim commença à manger sans plus se préoccuper de lui jusqu’à ce qu’un détail le frappe.

— Et vous, vous êtes ?

Un sourire narquois étira les lèvres de Lysandro.

— Je suis le patron. Lysandro de Trincavel.

Ashim recracha sa soupe et écarquilla les yeux. Lysandro rit, content de son effet et se leva. Le copte prit cette révélation en pleine figure. Il ne s’attendait certainement pas à ce que ce bel homme soit sa cible.

— Tu restes ici le temps de te remettre sur pied et on reparlera de ta possible embauche plus tard. Tu as une sonnette sur ta droite. Quand tu auras fini de manger, sonne, quelqu’un viendra chercher le plateau.

Le rouquin lui adressa un salut de la main et sortit.

Ashim, une fois remis de sa surprise, soupira. Le Destin pouvait s’avérer être un vrai salaud. Pourquoi fallait-il que celui dont la mort vengerait la vie que sa mère et lui avaient eu soit si séduisant et charismatique. Mais il ne devait pas faillir. Au besoin, il se servirait de cette attirance pour obtenir une place privilégiée auprès de lui et alors, il le tuerait, en toute intimité.

*

À la faveur de la nuit, une berline noire s’enfonça dans les ruelles sordides du Lagon. L’homme qui conduisait savait parfaitement comment éviter les caméras de surveillance de la Guilde des divertissements qui s’était attribuée le Lagon. Il roula lentement et lorsqu’il atteint enfin la Seine, il s’arrêta.

La neige qui tombait à gros flocons et le froid polaire qui régnait lui assurant une certaine tranquillité, l’homme descendit et fit le tour de la voiture. Il ouvrit le coffre. Avec effort, il sortit le grand sac qu’il contenait et le traîna jusqu’au bord de l’eau. La glace qui couvrait le fleuve était encore mince à cette époque de l’année et elle creva quand il jeta le sac à l’eau.

Satisfait, l’homme ne s’attarda pas et remonta en voiture et disparut dans la nuit.

A suivre...