BCarlington News Magazine 2 | Page 55

avec un soupir satisfait sous le jet d’eau brûlant.

Il commençait à se sécher quand il entendit la porte d’entrée. Parfait. Il passa dans sa propre chambre pour enfiler un jean et une chemise noire qu’il ne prit pas la peine de boutonner et attacha rapidement ses cheveux encore humides en simple catogan. Enfin prêt, il prit le plateau qui avait été déposé dans le couloir d’une main et il ouvrit la porte de la chambre d’ami de l’autre. Il se figea un quart de seconde quand son regard croisa celui, couleur d’encre de Chine, de son invité.

Ashim le regarda s’approcher de lui. L’homme était immense, remplissant la pièce de sa simple présence. Une auréole de cheveux bouclés rouges nimbait un visage à la peau mâte et aux traits taillés à la serpe. La mâchoire était large, le nez un peu tordu, la bouche pleine et une cicatrice laissait une marque blanche sur la joue droite, coupant une barbe de quelques jours. Les sourcils, fournis ombrageaient des yeux clairs, dessinés en amande. Ces mêmes yeux-là qui le scrutaient lui hérissaient la nuque, un frisson hésitant entre la peur et une excitation qui le laissa légèrement haletant. Le rouquin déposa le plateau sur ses genoux et il le regarda s’asseoir avec une classe très décontractée sur le fauteuil qu’Anna avait occupé une partie de la soirée.

— Tu as eu de la chance que Chang passe dans le coin. Qu’est-ce que tu foutais là à une heure pareille ?

La voix profonde, un peu rauque de l’homme déstabilisa Ashim.

Ne voyant pas de réponse venir, Lysandro émit un petit claquement de langue impatient. Ashim eut presque l’impression d’entendre un claquement de fouet et se reprit. Toutefois, il répondit à la question par une autre.

— Où suis-je ?

Lysandro haussa un sourcil. Il aimait bien qu’on réponde à ses questions. Il laissa passer pour cette fois. Le gamin n’était pas du coin et il apprendrait très vite à respecter les règles s’il voulait vivre et survivre dans le Lagon.

— Tu es à l’Orchidée.

Ashim ouvrit de grands yeux, sincèrement surpris. Le Destin avait le chic pour se foutre de lui.

— Qui es-tu ?

La voix claqua de nouveau aux oreilles du jeune copte. Il sentait très bien quel genre d’homme était en face de lui. Du genre dangereux. Très dangereux et il ne parvenait pourtant pas à étouffer l’étincelle de désir qui s’était allumé dans son ventre dès qu’il avait posé les yeux sur lui. Il avait manqué de se faire violer quelques heures plutôt et son corps, pourtant marqué, réagissait à cette étrange aura que dégageait l’homme face de lui. Il était très heureux qu’il fusse dans un lit, le drap ainsi que le plateau posé sur ses jambes l’empêchait de se trémousser sous ce regard impérieux.

— Je m’appelle Ashim Fayez.

Lysandro n’afficha aucune surprise mais que ce jeune garçon lui révèle sans l’ombre d’une hésitation sa véritable identité le surprenait.

— Hm, continua le rouquin, jouant le jeu de l’ignorant. Et pourquoi traînais-tu dans le quartier avec ta gueule de jeune premier ? Tu voulais te suicider ? Je connais des moyens moins douloureux !

Un sourire cynique étira les lèvres de Lysandro et Ashim sentit le tourment de ses reins se renforcer. Il se reprit comme il put et sourit un peu.

— Je venais ici.

Lysandro haussa un sourcil. Ce gosse semblait vraiment le prendre pour un con. Jusqu’où lui dirait-il la vérité ? Il se redressa, décroisa les jambes et posa ses coudes sur ses genoux avant de poser sa tête sur ses mains croisées, un éclat intéressé illuminait ses yeux.

— Et pourquoi ?

— Je viens d’arriver en ville et j’ai besoin d’argent. On m’a dit que je pourrais trouver du travail ici.

Lysandro savait que le jeune garçon ne lui disait pas toute la vérité mais, une fois remis, le môme serait indubitablement d’une grande beauté et à n’en pas douter, il ferait fureur auprès des clients.

— Tu as quel âge ?

— 19 ans.

— Tu sais au moins où tu voulais mettre les pieds ?