BCarlington News Magazine 2 | Page 50

celui-ci passa devant elle en courant. Avant de sortir, il posa son regard noir de colère sur elle.

– Toi ! Tu restes là !!

Anna voulut protester mais Akira, avec qui Lysandro discutait avant son arrivée, lui prit le bras et la ramena au bar où il lui servit un verre de schnaps.

Lysandro déboula dans la ruelle. Lee se débrouillait bien mais les quatre gars avaient sorti couteaux et des barres à mine. L’asiatique avait de plus en plus de mal à ne pas se laisser toucher et il soupira, soulagé quand son patron entra à son tour dans la bagarre. En peu de temps, ils les assommèrent.

Lysandro reprit un peu son souffle et se dirigea vers le corps inanimé du jeune garçon avant de jeter un coup d’œil à Lee par-dessus son épaule.

– Va chercher Rashid et emmène-moi ça à la cave ! Je vais leur faire passer l’envie de recommencer et préviens Sabrina que j’arrive avec un blessé.

Malgré le froid, le rouquin défit sa chemise et s’agenouilla près du garçon. Il retira les lambeaux de vêtements et détailla un peu les blessures. Il allait avoir quelques bleus, sa lèvre était fendue ainsi que son arcade. Il aurait de bonnes courbatures, mais il y avait plus de peur que de mal. Il l’enroula dans sa chemise avant de le prendre dans ses bras. Il attendit que Lee revienne et lorsque celui-ci arriva deux minutes plus tard avec Rashid, il rentra.

Akira et Anna l’accueillirent et le précédèrent jusqu’au bureau du médecin qui se trouvait au premier étage des appartements privés. Lysandro installa le blessé sur la table d’auscultation et redescendit au sous-sol faire comprendre à ces quatre imbéciles qu’on ne chassait pas sur le territoire d’un Trincavel. Akira resta aider Sabrina tandis qu’Anna redescendait à son tour une fois que la doctoresse l’eut rassurée sur l’état de santé du jeune garçon.

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Les mains serrées sur le col de son manteau, Louis se pressait de rentrer chez lui. La neige détrempait ses mocassins en cuir et le froid mordant de cette fin de février piquait douloureusement sa peau malgré son gros anorak.

Il était tard. Le jeune homme, membre de la guilde des banques, n’avait pas pour habitude de traîner à cette heure-ci dans les rues mais un bug dans le programme de l’I.A., survenu dans l’après-midi, avait mis hors circuit tous les androïdes d’accueil et de gestion. Cela avait provoqué une gigantesque crise au sein de la banque et tous les membres humains de celle-ci avaient du remplacé leurs collègues bio-mécaniques au pied levé.

Tout le bas du visage dissimulé par une écharpe, la moiteur que dégageait son propre souffle le démangeait, mais il n’osait pas s’en extraire de peur de geler sur place. D’après la météo qui tournait en boucle sur les écrans géants qui illuminaient la ville, celle-ci n’avait pas connu un tel froid depuis plus de deux cents ans. Affiché en gros plan, on pouvait lire -16 °C dans la capitale française et le reste du pays n’était pas mieux loti. Le réchauffement climatique, déclenché par l’industrialisation intensive du XIXe siècle avait entraîné une accélération de l’ère glaciaire suivante. Les éco-météorologistes craignaient que la banquise n’atteigne New London avant la fin du siècle.

Parfois, surtout dans ces moments de froid intense, Louis songeait à immigrer vers le sud. La nouvelle ville d’Avaris, sortie de terre une trentaine d’années plus tôt, juste après la troisième guerre mondiale, offrait un cadre vie presque équivalent à celui de Néo-Paris, la chaleur en plus. Mais il aimait trop sa ville pour la quitter autrement que pour son travail.

Reconstruite après l’effroyable guerre qui avait déchiré le monde durant près de vingt ans quelque tente ans plus tôt, Néo-Paris était un rêve architectural et technologique. Tout le cœur de la ville, de la Tour Eiffel-Stradovski au musée du Père-Lachaise, Néo-Paris était l’incarnation même de la naturo-technologie. Les hommes qui avaient travaillé sur ce projet avaient allié nature et haute