PORTRAIT
DES TRÉSORS BIEN CACHÉS
LOUISE OUELLET, erg [01_138]
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A
u fond de la mer, des tonnes de coquillages...
Au coeur de certains, pas toujours les plus
beaux, pas toujours les plus attirants, se
cachent des pierres précieuses. Il faut juste savoir les
laisser s'ouvrir... Ce n'est pas moi qui l'a dit, c'est
Boucar Diouf, alors que je me confiais dans une lettre
ouverte à l’émission Des Kiwis et des hommes. Ça
m'a touchée, profondément...
Mais commençons par le début. J'ai amorcé ma
carrière dans les enchanteresses Iles de la Madeleine, dans un centre de réadaptation. J’y œuvrais
principalement en pédiatrie. J'en ai découvert, de
ces joyaux de la mer! Je suis tombée en amour avec
eux. Et j'ai été subjuguée, abasourdie par leur force,
leur volonté inconsciente de repousser les barrières,
et leur charme incontestable. Quelques années plus
tard, ironie du sort, j'accouche d'une petite princesse porteuse de trisomie 21... J'en perds tous mes
moyens... J'aimais mieux les aider ces petits trésors,
que d'être dans le rôle de patiente! Notre pédiatre
m'a dit qu'il faut se donner le droit de toucher le
fond pour pouvoir rebondir. C'est ce que j'ai fait, et je
vais probablement rebondir toute ma vie... En bas,
en haut, mais habituellement toujours plus haut.
Laissez-moi donc vous présenter ma Juliette. Maintenant âgée de 6 ans, elle est en première année, en
classe régulière. Elle bénéficie de l'accompagnement
à temps partiel d'une éducatrice spécialisée. C'est un
vrai aimant; les gens, petits et grands, sont incontestablement attirés par elle. Elle a de merveilleux amis,
qui ne sont pas dupes. Ils savent que Juliette est
différente, mais ils apprécient ce côté hors norme.
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C'est la beauté de l'enfance, cette ouverture face à
chacun, avec leurs forces et leurs faiblesses. Dommage que plusieurs personnes perdent cette façon
de percevoir les autres en vieillissant... J'ai aussi la
chance que ma fille ait une très bonne santé. Elle se
développe étonnamment bien malgré le diagnostic.
Sa maternelle au fond des poches, elle écrit son
nom, la presque totalité des lettres, commence à
décoder des syllabes, a une imagination sans bornes,
est curieuse... J'arrête, je pourrais en citer longtemps, de ces qualités.
On vit dans un monde très paradoxal. En société, on
vénère la performance, l'efficacité, le dépassement.
Oui il en faut, bien sûr, mais de là à rabaisser tout le
reste? Individuellement, combien sommes-nous à
trouver que tout va trop vite? À ne pas être satisfaits
de notre travail par manque de temps? À être
fatigués de courir après on ne sait trop quoi, pour
satisfaire les exigences que notre monde s'est
donné, au nom de la réussite? Voulons-nous
vraiment enrayer ces petites perles de notre fond
marin? L'avancée de la science m'impressionne,
mais elle me fait aussi peur... Encore une citation de
Boucar Diouf: "On ne peut pas tout changer ce que
la vie a mis des milliers d'années à préparer..." La
sélection naturelle est là pour ça, et a toujours bien
rempli son rôle. Moi je crois fermement que la société a besoin de gens dits différents. Que si l’on prend
le temps de les regarder et de les écouter avec une
ouverture d'esprit, eux aussi peuvent nous en
apprendre, et nous faire prendre conscience de
valeurs toutes aussi importantes que le succès.
Erg-go! REVUE DES ERGOTHÉRAPEUTES DU QUÉBEC
AUTOMNE 2015_NO.6
À trop vouloir bien faire, je crains que la science ne
prenne le mauvais chemin. Savoir que les budgets
sont orientés vers le dépistage, plutôt que vers le
support offert aux personnes vivant avec une trisomie 21, est à mon avis assez effrayant. Oui j'aurais
préfér