AUTOMNE 2015_NO.6 | Page 24

RECHERCHE [ SUITE ] RETRAITE ET STIMULATION COGNITIVE INFORMATISÉE Finalement, pour le thème relatif aux effets perçus de l’entraînement cognitif informatisé, les trois participants rapportent n’avoir perçu aucun changement significatif dans leur fonctionnement cognitif quotidien ou leurs activités signifiantes qu’ils pourraient attribuer à l’utilisation du logiciel. Léo et Léa notent une amélioration de leurs stratégies de réussite des activités proposées dans le logiciel à l’usage, mais ne peuvent identifier quelque impact que cela pourrait avoir eu dans leur quotidien. Par exemple, Léo observe quelques améliorations pour sa mémoire et sa concentration quand il utilise NeuroActive, améliorations qui ne se concrétisent pas dans son quotidien. Cependant, tous trois notent que les difficultés qu’ils ont vécues dans l’accomplissement de certaines des activités cognitives proposées dans le logiciel ont soulevé chez eux une réflexion sur leur quotidien et quelques constats. En ce sens, Léa soulève qu’elle a acquis des connaissances sur les différentes habiletés cognitives qu’elle peut améliorer au quotidien. 24 CONSTATS RELATIFS À LA STIMULATION COGNITIVE INFORMATISÉE Les résultats de ce projet de recherche offrent quelques constats intéressants pour l’ergothérapeute. D’abord, quelques bienfaits associés à l’utilisation du programme de stimulation cognitive ont été observés par deux des trois participants. Léo et Léa notent une amélioration de leur mémoire et attention lors de l’utilisation du logiciel, bienfaits semblables confirmés dans l’étude de Rabipour et Raz (2012) dans le contexte spécifique de l’utilisation d’un tel logiciel. Nos résultats nous montrent, comme l’anticipaient Miller et coll. (2013), que la démonstration du transfert de ces bienfaits au fonctionnement cognitif quotidien reste à faire. Nos participants n’ont pas noté d’amélioration de leur fonctionnement cognitif quotidien qui pourrait être attribuable à l’entraînement cognitif informatisé. Léo et Léa, qui avaient clairement noté des améliorations dans certaines de leurs stratégies cognitives dans les activités proposées dans le logiciel, n’ont pu constater un transfert spontané dans leur quotidien. Ils nous ont aussi affirmé que leur niveau de qualité de vie était directement en lien avec les activités dans lesquelles ils s’engagent, les résultats au SF-36 le confirmant, et que l’entraînement cognitif informatisé n’avait eu aucune influence sur cet état de bien-être. Le deuxième constat est que la performance cognitive chez nos trois jeunes retraités, qui avaient un emploi exigeant cognitivement, est restée excellente dans les premiers mois de leur retraite, comme le soulignent les scores au PECPA-2r. Une évaluation plus discriminante aurait peut-être soulevé quelques difficultés cognitives plus discrètes, pour certaines fonctions plus complexes, mais nos participants étaient tous trois relativement jeunes et encore, il aurait fallu voir dans quelle mesure ces difficultés auraient eu un impact au quotidien. Le troisième constat est en lien direct avec la perception des activités proposées par les logiciels de stimulation cognitive. Nos trois participants nous ont rapidement fait constater que l’utilisation de la technologie à des fins de stimulation cognitive ne plaît pas à tous, et que le niveau de stimulation doit proposer un défi raisonnable, mais constant pour maintenir la motivation. Si les premières semaines d’utilisation ont permis aux participants de jauger leurs forces et faiblesses cognitives, de confirmer l’utilité de la stimulation cognitive au quotidien et, pour certains, d’inclure dans leurs activités quelques défis cognitifs, l’utilisation du logiciel a nettement diminué après les deux premiers mois. La perspective initiale des participants étant ancrée dans la reconnaissance que les exigences cognitives associées au travail devaient être remplacées et comblées, ils ont tous constaté que leurs activités quotidiennes régulières de nature plus cognitive, comme la lecture, les mot