RECHERCHE [ SUITE ]
RETRAITE ET STIMULATION COGNITIVE INFORMATISÉE
des fonctions cognitives. Ils rapportent, comme le
font Rabipour et Raz (2012), que l’utilisation d’un
programme informatisé de stimulation cognitive
pendant plus de six mois produirait une amélioration
des capacités cognitives chez la personne âgée.
Les concepteurs de logiciels de stimulation cognitive
soutiennent que l’utilisation régulière de leurs
programmes peut améliorer le fonctionnement quotidien et prévenir le déclin cognitif lié au vieillissement ou à diverses atteintes neurocognitives. Ces
logiciels (par exemple, TV Neurone, Presco, Activital,
NeuroActive, Psychotech, Lumosity, Brain Age)
proposent diverses activités qui touchent, de façon
variable, la mémoire, l’attention, les capacités
visuo-spatiales, la vitesse de traitement de l’information, le calcul, le langage, les fonctions exécutives, entre autres. Les niveaux de difficulté sont
aussi variables et plusieurs offrent des programmes
personnalisés. Bon nombre sont offerts en français.
Certains offrent des activités qui se veulent directement en lien avec les activités quotidiennes de la
personne âgée. Ils ont en commun le principe qu’ils
peuvent aider à maintenir le fonctionnement cognitif et/ou prévenir le déclin cognitif lié au processus
de vieillissement. Cependant, certains chercheurs
soutiennent que le transfert des acquis de la stimulation cognitive vers le fonctionnement quotidien
reste à être démontré (Nouchi et coll.,2012 ; Strenziok et coll., 2014). ; Strenziok, Parasuraman, Clarke,
Cisler, Thompson et Greenwood, 2014).
Dans ce contexte, nous nous sommes intéressées à
la stimulation cognitive informatisée chez la
personne nouvellement retraitée. La perspective
ergothérapique apportée par le modèle
personne-environnement-occupation (Law et coll..
1996), nous a permis de cadrer le projet autour des
concepts de statut cognitif, d’impact perçu de la
stimulation cognitive informatisée et de qualité de
vie.
MÉTHODE
Un devis d’étude de cas multiples adapté de Yin
(2014) a été retenu pour réaliser le projet de
recherche. Ce type de devis permet l’étude en
profondeur d’un phénomène qui peut difficilement
être isolé de son contexte, alors que les limites entre
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le phénomène, le contexte et la personne ne sont
pas clairement définies.
Suite à l’approbation du projet par le Comité
d’éthique et de la recherche en Sciences et Science
de la santé de l’Université d’Ottawa, trois participants ont été recrutés. Yin (2014) recommande
l’étude de trois « cas » pour permettre l’analyse
individuelle en profondeur des cas et leur comparaison. Les participants ont été recrutés dans l’environnement des chercheures et informés de la
démarche de participation au projet. Un échantillon
de convenance a été ainsi constitué. Les participants
devaient avoir précédemment occupé un emploi à
temps plein, être à la retraite depuis au moins deux
mois et au plus deux ans, être âgés de 55 à 70 ans et
avoir comme langue maternelle le français. La
personne intéressée à participer au projet devait
obtenir un score d’au moins 26 au Montreal Cognitive Assesment (MoCA) (Nasreddine et coll., 2005).
Le MoCA ayant d’excellentes sensibilité (90%) et
spécificité (87%) (Nasreddine et coll.), il nous assurait d’un recrutement éthique fondé sur l’état cognitif des personnes.
Le logiciel de stimulation cognitive NeuroActive a été
retenu pour l’étude. Il permet, selon les concepteurs, d’améliorer les fonctions cognitives, de diminuer le stress et de prévenir le déclin cognitif. Il offre
diverses activités cognitives interactives pour stimuler la mémoire, l’attention, les habiletés visuo-spatiales, le calcul et la vitesse de traitement de l’information, entre autres. L’entraînement cognitif est
personnalisé et s’adapte continuellement au niveau
de la personne. Les concepteurs proposent de 20 à
30 minutes d’utilisation à tous les deux jours pour
des résultats optimaux. Nous avons proposé aux
participants d’utiliser le logiciel pendant quatre
mois. Il a été installé sur leur ordinateur personnel.
Les participants ont été rencontrés quatre fois ; une
première fois pour les informer du projet et compléter avec eux le MoCA, et ensuite au début, pendant
et après l’utilisation du logiciel, pour compléter
diverses mesures quantitatives et qualitatives. . Le
Protocole d’examen cognitif de la personne âgée
(PECPA 2r) (Geneau et Taillefer, 1996) a été utilisé
Erg-go! REVUE DES ERGOTHÉRAPEUTES DU QUÉBEC
AUTOMNE 2015_NO.6
aux trois temps de cueillette des données pour faire
un suivi du statut cognitif, des habiletés et des compétences cognitives des participants. Il nous semblait suffisamment sensible (93,8 à 100%) et spécifique (96,1%) pour détecter les faiblesses neurocognitives et offrait d’excellentes perspectives pour les
mesures répétitives avec une fidelité test-retest
appréciable (r = 0,934). La qualité de vie des participants était documentée aux trois temps de la cueillette des données, avec le test SF-36