Atypeek Mag N°1 | Page 92

92 ATYPEEK MAG #02 JANV./FEV./MARS 2017 ENTRETIENARTISTE Les monstres grotesques de GABE BARTALOS ENTRETIEN : Maxime Lachaud avec GABE BARTALOS INFOS : www.atlanticwesteffects.com Quand as-tu eu ta première révélation pour les effets spéciaux ? Rares sont les maquilleurs et les artistes d’effets spéciaux à avoir été exposés dans des galeries d’art contemporain. C’est pourtant le cas de Gabe Bartalos, dont les créatures hybrides et surréalistes ont pu aussi bien se retrouver dans des films gore de série B que dans les œuvres expérimentales de Matthew Barney. Passionné par le cinéma d’horreur, Bartalos s’est retrouvé dès l’adolescence à travailler sur des tournages et à rencontrer tous les plus grands noms du genre dans les années 80 : Tom Savini, Tobe Hooper, Stuart Gordon, Joe Dante ou encore Frank Henenlotter avec qui il continue à collaborer. Dans les années 1990, il crée Atlantic West Effects, sa propre compagnie à Los Angeles et enchaîne les commandes. Passionné de punk rock, il se lance dans la réalisation de clips dans les années 2000 et dirige son premier long métrage en 2004, Écorché Vif (Skinned Deep), suivi par Saint Bernard, son dernier film dans lequel il laisse libre cours à son imagination délirante. Ses masques et sculptures, à la fois monstrueux et fascinants, portent tous sa marque, et quand il en parle, son regard brille d’enthousiasme, car malgré sa carrure de grand balaise, Bartalos reste aussi passionné qu’un enfant qu’on amènerait à sa première fête foraine. Gabe Bartalos : Très jeune, je sais que j’ai été affecté par le premier Godzilla. D’ailleurs, c’est amusant de le regarder aujourd’hui car il était très sombre en termes d’ambiance. Je devais avoir onze ou douze ans. J’imaginais Godzilla s’élever de mon voisinage à Ardsley Road et cela me terrifiait. Je savais que ce n’était pas réel, même si à l’époque je ne faisais pas encore la différence entre un costume de créature et un acteur, mais cette émotion que ce film a laissé en moi je l’ai recréée dans mes fantasmes. Ce devait être la première fois que je projetais des images dans ma tête. Un peu après, Creature from the Black Lagoon m’a impressionné. J’ai toujours été fasciné par ce qu’il y a sous l’eau, et voir un costume aussi bien fait dans un film aussi bien réalisé, cela atteignait un autre niveau. C’est à partir de là que les choses se sont mises en route et très rapidement, à douze ou treize ans, j’ai commencé à tourner mes propres films, en essayant de faire resurgir ces images. Mon père avait une caméra Super 8, j’ai commencé à apprendre les rudiments du tournage et du montage et à recréer et raconter mes propres histoires. C’est ainsi que j’ai compris que j’étais intéressé par la création des personnages. L’art de raconter des histoires s’est détourné vers l’art des effets spéciaux. Et ton goût pour l’horreur elle-même ? Y a-t-il eu un film qui t’a amené à vouloir provoquer ce genre de sensations chez les autres ? Oui, je l’ai regardé à nouveau il y a quelques années, et ce n’était pas aussi horrible que dans mon