Atypeek Mag N°1 | Page 130

130 ATYPEEK MAG #02 JANV./FEV./MARS 2017 INTERVIEWDAV GUEDIN “À force de faire des livres où je parle de sperme, de caca et autres friandises, on pense que j’ai une fascination pour le sale et le graveleux alors qu’en fait je suis quelqu’un de très propre et ordonné.” DAV GUEDIN À SAVOIR Fred Druart est l’illustrateur de plus de 10 bandes dessinées, dont Groupe Tel-Aviv, La Métaphore du Papillon, Le chien de minuit... PLUS D’INFOS http://fredtoshy.wixsite. com/illustration ance au-dessus de nos têtes (à part pour l’oligarchie). J’y ai échappé. Et pour l’avoir fréquentée en tant qu’intervenant, je suis bien content d’en être resté à l’écart. Le concept est inepte. Les conditions sont inhumaines bien souvent. Ça n’apprend pas grand-chose. Beaucoup sont là pour pas grand-chose. Il y règne pourtant une solidarité qui fait plaisir à voir. Q  comme Qu’est-ce qu’on attend pour foutre le feu ? Chanson de NTM qui résonne encore et toujours dans ma tête. Quand on voit l’absurdité et la vacuité du discours politique d’aujourd’hui, les manigances et manipulations dont nous sommes victimes, on se demande bien ce qu’on attend. J’en peux plus d’entendre des gens m’expliquer pourquoi il faut voter comme ci ou comme ça pour ne pas avoir le PIRE au pouvoir. L’usage de ce dernier mot déjà me fait honte. Pouvoir ? Mais la personne qu’on élit devrait être « au service de », pas au pouvoir. Tout est à refaire. R comme Rage Je pense à ces magnifiques dessins de Pierre Déom, cet instituteur/illustrateur/ rédacteur du journal La Hulotte qui nous contait les Ardennes. Je me souviens très bien de cet article sur la rage et ce qu’il fallait faire si on la contractait. Ce mec avait réussi le cocktail parfait de presse spécialisée sur la nature avec juste ce qu’il fallait d’humour pour nous donner envie de dévorer chaque magazine. La rage au sens non médical, je l’ai eue longtemps et toujours un peu. Pour aller au bout d’un projet conséquent comme une BD « longue », par exemple, ça demande beaucoup d’énergie et de patience. Moi c’est la rage qui m’a fait avancer. S comme Saletés À force de faire des livres où je parle de sperme, de caca et autres friandises, on pense que j’ai une fascination pour le sale et le graveleux alors qu’en fait je suis quelqu’un de très propre et ordonné. Sans cela je pense que ça m’amuserait moins de jouer avec ces matières. Ce serait moins transgressif pour moi. Donc voilà, pas de conclusions hâtives s’il vous plaît. T comme Tatouage Je ne peux le nier, je suis assez fan de tatouage. Quand j’en veux plus j’en veux encore. Même si l’engouement pour ce dernier depuis un certain temps a pris beaucoup trop d’ampleur, habiller sa peau avec des dessins qui nous plaisent, ressentir la chaleur de l’aiguille et communier avec le tatoueur reste un sacré kiff. D’ailleurs, je me suis interdit de le pratiquer depuis des années et je commence à changer d’avis. Il est pas dit qu’en 2017 je ne me mette pas à piquer des gens de temps en temps ! U comme Uni Ou la chanson de Sham 69 « If the kids are united… They will never be divided ». Ado, Je voyais le punk et la Oi ! comme les musiques qui rassemblaient les gens comme moi pendant des concerts sauvages pour former une grande famille. On était jeunes et fous, on allait tout péter. On a fait ce qu’on pouvait et on continue, chacun avec ses armes, mais l’esprit du clan est resté intact chez moi. J’ai connu des désillusions bien sûr mais je conserve l’essence du truc. V comme Vandalisme Pendant mes études, j’ai passé beaucoup de temps à traîner tard le soir dans la rue et notre petit jeu était de se réapproprier le paysage urbain. On faisait pas vraiment de graffitis mais on redécorait des sculptures pompeuses avec tout ce qu’on trouvait. On ajoutait du volume et de la fantaisie là où il en manquait. Le mieux c’était quand on croisait d’autres vagabonds nocturnes qui nous par- laient de nos exploits sans savoir que nous en étions les initiateurs. Jouissif ! W comme Whisky Mon alcool préféré quand il est mélangé avec du Coca. Je sais, ça fait très parigot de boîte de nuit mais en vérité c’est la boisson dont on se délectait aux réunions du soir des colonies de vacances. Pour moi c’est associé au plaisir, à la détente et à la connerie. Après chaque réunion ça partait en sucette : les coinssos ne l’étaient plus et on pouvait enfin se lâcher pendant que les mômes dormaient. Le whisky-Coca c’est magique !