Atypeek Mag N°1 | Page 100

© DR Il est dérouté par cette tête de chien géante et il la prend partout avec lui. Il rencontre métaphoriquement des anges gardiens, se retrouve dans des situations dignes de l’Enfer. C’est un personnage attachant mais on se rend vite compte que le monde n’est pas si fou. C’est ce qui se passe dans sa tête que l’on voit. Les personnages sont étranges, la réalité est vraiment déformée. Pour lui ce totem c’est comme un chapelet. Autour de lui, on trouve ces métaphores d’anges gardiens qui le protègent. J’ai travaillé avec Warwick Davis de Leprechaun et Écorché vif. Il y joue Othello, le gardien d’un amas de bois haut de plus de 970 mètres. Il vénère le bois et il peut arrêter le temps pour lui donner la pos- sibilité de fuir. Et il y a un mentor musical. Il y a aussi des accusations directes de l’hypocrisie de l’église et d’autres références qui sont plus subliminales et qui soutiennent un cheminement de foi. Donc ce n’est pas que de la fantaisie lourde et des personnages en prothèses. Il y a ces décors abstraits très grands. Il y a aussi une scène avec le vieux groupe punk anglais les Damned [il porte d’ailleurs un T-shirt des Stranglers] ! Quand les Damned m’ont dit, si tu viens à San Francisco, tu peux filmer tout ce que tu veux, c’était le pied ! J’ai filmé pendant quatre morceaux de la balance et j’ai fait des plans très rapprochés de tout, et pendant le concert du soir, ils m’ont fait une liste en me disant quels morceaux ils allaient jouer à quel moment. 100 ATYPEEK MAG #02 JANV./FEV./MARS 2017 Donc là nous avions positionné les caméras, avec tout le public qui pète les plombs. Le rendu est dingue. Des amis cinéastes me disent, hey attends, comment as-tu pu faire des plans si rapprochés de Captain Sensible et des lèvres de Vanian, avais-tu des objectifs zoom comme ceux de la Nasa ? Mais non, ils m’avaient laissé filmer la balance à quatre heures de l’après-midi, et à minuit nous avons fait tourner les caméras, et nous avons monté le tout. Il y a pas mal de passages comme ça où les cinéastes vont se dire : Quoi ? Ils sont en France ? Il y a de grands sauts dans le film. On a fait une scène à Los Angeles avec un grand bus détruit et brûlé, et le compositeur saute par-dessus l’objectif et quand il atterrit, nous sommes sur les pavés et Notre Dame est sur la gauche, et il continue à courir. Là on se dit, hey qu’est-ce qu’il se passe, on est vraiment en France ? Il y a une séquence à la tour Eiffel. Nous avons construit un costume en bois et le bois commence à coller et s’incruster à l’acteur. Avec sa position en dessous de la tour Eiffel, c’est comme une sculpture, il se fond en elle. C’est très abstrait et c’est un bûcheron français qui le libère. Comme dans un dessin animé, il fait signe de la main pour dire au revoir. C’est vrai qu’en musique tu as aussi travaillé avec David Byrne… J’aime la musique punk rock. J’ai fait une vidéo pour The Briggs, ils sont connus aux États-Unis mais je ne sais pas sur le plan international. Ils sont géniaux. Ce sont eux qui m’ont contacté et j’étais si heureux. Ils contactaient des artistes réalisateurs pour qu’ils adaptent chacun une des chansons du nouvel album. Ils venaient de signer sur un gros label et j’ai dit bien sûr. Et la chanson que je voulais n’avait pas été prise. La production était énorme. On a amené des jets de pluie. Je n’ai fait que quelques vidéos musicales mais j’aime faire ça. J’ai fait aussi un documentaire sur un groupe punk The Street Dogs, le chanteur faisait partie de Dropkick Murphys. Ils sont super et quand ils ont signé sur Epitaph/Hellcat. Ils ont eu un budget et m’ont demandé si je voulais tourner ce documentaire sur eux. C’était comme un privi- lège. J’étais avec eux, je voyais la musique se développer, et je leur ai donné une capsule témoin à la fin de ce qu’ils avaient fait. La musique c’est toujours du plaisir. ENTRETIEN : Maxime Lachaud