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recommencé selon ce nouvel axe.
Dès que j’ai été relativement certain que nous tenions
là une idée qui pouvait fonctionner, je mis la machine
en branle.
Il était clair que Marine et Guillaume s’associeraient
à moi lorsque j’aurais la certitude qu’ils ne prenaient
plus de risque à le faire. En attendant ils participèrent
à la fondation et à la naissance de l’entreprise, nous
faisant profiter de leurs différentes et précieuses
compétences et de leurs énergies.
Nous sommes en août 2015, nous devons trouver
un nom, nous étions sur In-Escape… Je propose
Claustrum qui est une partie du cerveau qui permet
de nous « éteindre » lorsqu’on y envoie une décharge.
Mais nous n’adhérons pas à l’unanimité.
J’aime le jeu d’Elusis qui consiste à devoir deviner
les règles du jeu. Marine propose « Elucider », cela
m’y fait penser, en inversant le « d » et le « c » on
s’en rapproche. ELUDICE, est voté. Marine propose
différents logos, prépare rapidement une nouvelle
plaquette.
Tout cela aura pris quatre mois en tout et pour tout.
Il reste à trouver une banque qui accepte de nous
suivre. J’en choisis une pour pouvoir libérer le capital
de l’entreprise. Le 10 octobre 2015, L’Eurl Eludice
est créée. Je change rapidement de banque pour
me diriger vers la Banque Populaire dirigée alors par
Marie-Françoise Terras qui, comme elle le prouvera
au fil des années, saura être le genre d’humain que
l’on aime rencontrer dans ce type d’aventure. De bon
conseil, d’un soutien constant aussi bien sur le plan
bancaire que sur le plan moral. C’est une constante à
cette aventure, elle est parsemée de belles rencontres
sans lesquelles nous n’aurions jamais créé une aussi
belle histoire.
Le capital libéré de 4 000 € sert finalement à
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développer en bonne partie un site internet que
Marine designe et qu’une connaissance à elle (le Labo
1024) nous développe.
Nous souhaitons commencer avec un minimum de
risque et misons sur le fait de n’embaucher personne.
Je suis le seul membre de la société, les autres seront
prestataires.
Nous n’avons plus de sous mais nous avons un beau
site internet, et comme imaginé, les premiers contacts
arrivent.
Très vite nous devons faire face à un premier souci,
les potentiels clients ne savent pas combien cela
coûte de créer un Escape Game et sont difficiles
à convaincre. Nous n’avons comme antécédents
que nos expériences personnelles et celles de nos
prestataires, cela est insuffisant pour convaincre les
premiers prospects de nous faire confiance.
C’est le coup de pouce de Matthieu Lemercier,
le premier à nous accorder sa confiance qui aura
convaincu notre toute première cliente.
Malheureusement, le premier chantier est un fiasco
financier, c’est avec un découvert de 10 000 € que
nous allons devoir décider de continuer différemment
ou d’arrêter.
Le constat est clair, si nous voulons continuer,
maintenir des prix attractifs et garantir une qualité
exceptionnelle, nous devons embaucher, ajuster nos
devis, définir des protocoles pour tenir les plannings
et les budgets.
Nous devons aussi trouver des financements. Grâce à
Françoise, nous pouvons rester ouverts malgré notre
découvert, mais si on veut tenir il va falloir dépasser
son champ d’action.
J’ai la chance de rencontrer M. Meyrignac alors
président du Crédit Mutuel qui me présente, et je
l’en remercie encore, à Jérôme Henriat. Jérôme
est le directeur du Crédit Mutuel de Roanne, il m’a
accordé sa confiance dès la première rencontre, et
en un rendez-vous il me donnait un accord pour un
prêt de 50 000 €. Je pense que tout entrepreneur
rêverait d’avoir la chance de rencontrer un directeur
de banque de cet acabit et vivre un rendez-vous
pareil. Ce rendez-vous a sans doute cette fois-ci été
vital pour Eludice.
Nous souhaitons recruter les meilleurs mais nous
n’avons aucune trésorerie.
C’est la philosophie d’Eludice qui fera la différence
dans cette démarche a posteriori.
La voici :
Si nous embauchions cela se ferait selon ces critères
non négociables :
• Tout le monde à Eludice est et sera toujours payé au
même salaire horaire que ses collègues. De la femme
de ménage aux patrons en passant par les ingénieurs,
les architectes et les doctorants.
• Une absence de chef au profit d’organisateurs et de
plannings clairs, d’un maximum de libertés et d’auto-
responsabilisation.
• L’idée était simple : « Si je veux augmenter mon
salaire, je dois m’arranger pour augmenter celui de
mes collègues ».
• En contrepartie, aucune limitation quant à l’évolution
de ce salaire. Plus l’entreprise fait de bénéfice, plus
les salaires augmentent.
Il y aura en deux ans déjà quatre augmentations
de palier. Tous savent que les augmentations sont
régulières et dépendent entièrement de la capacité
de l’entreprise à le faire, et donc du travail de chacun
dans cette équipe.
Je décide personnellement d’être toujours le dernier
à suivre l’augmentation de salaire afin d’exprimer de
manière congruente la façon dont j’appréhende le
monde de l’entreprenariat.
Ce choix, qui a parfois été mal reçu par mes différents
interlocuteurs, je pense, me permettra de convaincre
des personnes aux compétences rares de rejoindre
l’aventure malgré les conditions de travail difficiles et
le salaire inadapté qu’étaient ceux d’alors.
Nous avons tout gagné à fonctionner comme cela,
nous avons intégré les meilleures compétences, aux
seules conditions financières possibles et surtout, ce
qui est essentiel dans une histoire qui fonctionne, nous
avons trouvé des personnes aux valeurs carrément
géniales.
Ce sont ces humains que l’on ne peut trouver que
dans un contexte exceptionnel.
Je suis intimement persuadé que les chefs d’entreprise
de demain ont tout intérêt à comprendre que leur
métier n’est pas de gérer tous les aspects d’une
entreprise mais de reconnaître la valeur de ceux qui
la composent.
Qu’il ne s’agit pas tant de chercher ces personnes
incroyables -qui à elles seules peuvent faire vivre une
entreprise-, mais de créer le cadre, la philosophie, qui
donnent une bonne raison à ces personnes, peut-être
moins rares qu’on ne le pense à se manifester, et à
l’exprimer pleinement.
Je pense que personne ne peut mieux gérer une
entreprise que les personnes qui la vivent au
quotidien.
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