Artbook Eludice T1 ArtBook Eludice Tome 1 | Page 14

recommencé selon ce nouvel axe. Dès que j’ai été relativement certain que nous tenions là une idée qui pouvait fonctionner, je mis la machine en branle. Il était clair que Marine et Guillaume s’associeraient à moi lorsque j’aurais la certitude qu’ils ne prenaient plus de risque à le faire. En attendant ils participèrent à la fondation et à la naissance de l’entreprise, nous faisant profiter de leurs différentes et précieuses compétences et de leurs énergies. Nous sommes en août 2015, nous devons trouver un nom, nous étions sur In-Escape… Je propose Claustrum qui est une partie du cerveau qui permet de nous « éteindre » lorsqu’on y envoie une décharge. Mais nous n’adhérons pas à l’unanimité. J’aime le jeu d’Elusis qui consiste à devoir deviner les règles du jeu. Marine propose « Elucider », cela m’y fait penser, en inversant le « d » et le « c » on s’en rapproche. ELUDICE, est voté. Marine propose différents logos, prépare rapidement une nouvelle plaquette. Tout cela aura pris quatre mois en tout et pour tout. Il reste à trouver une banque qui accepte de nous suivre. J’en choisis une pour pouvoir libérer le capital de l’entreprise. Le 10 octobre 2015, L’Eurl Eludice est créée. Je change rapidement de banque pour me diriger vers la Banque Populaire dirigée alors par Marie-Françoise Terras qui, comme elle le prouvera au fil des années, saura être le genre d’humain que l’on aime rencontrer dans ce type d’aventure. De bon conseil, d’un soutien constant aussi bien sur le plan bancaire que sur le plan moral. C’est une constante à cette aventure, elle est parsemée de belles rencontres sans lesquelles nous n’aurions jamais créé une aussi belle histoire. Le capital libéré de 4 000 € sert finalement à 14 ORIGINES développer en bonne partie un site internet que Marine designe et qu’une connaissance à elle (le Labo 1024) nous développe. Nous souhaitons commencer avec un minimum de risque et misons sur le fait de n’embaucher personne. Je suis le seul membre de la société, les autres seront prestataires. Nous n’avons plus de sous mais nous avons un beau site internet, et comme imaginé, les premiers contacts arrivent. Très vite nous devons faire face à un premier souci, les potentiels clients ne savent pas combien cela coûte de créer un Escape Game et sont difficiles à convaincre. Nous n’avons comme antécédents que nos expériences personnelles et celles de nos prestataires, cela est insuffisant pour convaincre les premiers prospects de nous faire confiance. C’est le coup de pouce de Matthieu Lemercier, le premier à nous accorder sa confiance qui aura convaincu notre toute première cliente. Malheureusement, le premier chantier est un fiasco financier, c’est avec un découvert de 10 000 € que nous allons devoir décider de continuer différemment ou d’arrêter. Le constat est clair, si nous voulons continuer, maintenir des prix attractifs et garantir une qualité exceptionnelle, nous devons embaucher, ajuster nos devis, définir des protocoles pour tenir les plannings et les budgets. Nous devons aussi trouver des financements. Grâce à Françoise, nous pouvons rester ouverts malgré notre découvert, mais si on veut tenir il va falloir dépasser son champ d’action. J’ai la chance de rencontrer M. Meyrignac alors président du Crédit Mutuel qui me présente, et je l’en remercie encore, à Jérôme Henriat. Jérôme est le directeur du Crédit Mutuel de Roanne, il m’a accordé sa confiance dès la première rencontre, et en un rendez-vous il me donnait un accord pour un prêt de 50 000 €. Je pense que tout entrepreneur rêverait d’avoir la chance de rencontrer un directeur de banque de cet acabit et vivre un rendez-vous pareil. Ce rendez-vous a sans doute cette fois-ci été vital pour Eludice. Nous souhaitons recruter les meilleurs mais nous n’avons aucune trésorerie. C’est la philosophie d’Eludice qui fera la différence dans cette démarche a posteriori. La voici : Si nous embauchions cela se ferait selon ces critères non négociables : • Tout le monde à Eludice est et sera toujours payé au même salaire horaire que ses collègues. De la femme de ménage aux patrons en passant par les ingénieurs, les architectes et les doctorants. • Une absence de chef au profit d’organisateurs et de plannings clairs, d’un maximum de libertés et d’auto- responsabilisation. • L’idée était simple : « Si je veux augmenter mon salaire, je dois m’arranger pour augmenter celui de mes collègues ». • En contrepartie, aucune limitation quant à l’évolution de ce salaire. Plus l’entreprise fait de bénéfice, plus les salaires augmentent. Il y aura en deux ans déjà quatre augmentations de palier. Tous savent que les augmentations sont régulières et dépendent entièrement de la capacité de l’entreprise à le faire, et donc du travail de chacun dans cette équipe. Je décide personnellement d’être toujours le dernier à suivre l’augmentation de salaire afin d’exprimer de manière congruente la façon dont j’appréhende le monde de l’entreprenariat. Ce choix, qui a parfois été mal reçu par mes différents interlocuteurs, je pense, me permettra de convaincre des personnes aux compétences rares de rejoindre l’aventure malgré les conditions de travail difficiles et le salaire inadapté qu’étaient ceux d’alors. Nous avons tout gagné à fonctionner comme cela, nous avons intégré les meilleures compétences, aux seules conditions financières possibles et surtout, ce qui est essentiel dans une histoire qui fonctionne, nous avons trouvé des personnes aux valeurs carrément géniales. Ce sont ces humains que l’on ne peut trouver que dans un contexte exceptionnel. Je suis intimement persuadé que les chefs d’entreprise de demain ont tout intérêt à comprendre que leur métier n’est pas de gérer tous les aspects d’une entreprise mais de reconnaître la valeur de ceux qui la composent. Qu’il ne s’agit pas tant de chercher ces personnes incroyables -qui à elles seules peuvent faire vivre une entreprise-, mais de créer le cadre, la philosophie, qui donnent une bonne raison à ces personnes, peut-être moins rares qu’on ne le pense à se manifester, et à l’exprimer pleinement. Je pense que personne ne peut mieux gérer une entreprise que les personnes qui la vivent au quotidien. ORIGINES 15