Art & Inspiration N° 2 - Summer-Fall / Été-Automne 2013 | Page 50

AUTHORS & ARCHETYPES / AUTEURS & ARCHÉTYPES

A&I : Durant cette période, estimez-vous que vous avez été plus à même de prendre des risques, et d’être plus spontané et ouvert à ces situations que la vie vous a apportées ?

MM : Tout à fait. Et puis j’ai grandi dans une maison où nous étions très pauvres, mon père nous a abandonnés quand nous étions petits, il y avait beaucoup de dépression et de violence, pas mal d’épreuves. Je ne suis pas issu d’un milieu sûr où je pouvais croire quelque chose comme « Ah, je fais partie des élus et je vais avoir une vie de rêve. » J’ai compris dès mon plus jeune âge que la vie n’est pas sans danger. Alors j’étais prêt à prendre des risques dès l’enfance, parce que si je ne le faisais pas, j’allais suivre le même chemin que ma famille. J’étais prêt et je pense que j’avais la bonne constitution pour. En tant qu’écrivain, je suis quelqu’un qui pose constamment des questions, et je le fais depuis que je suis très jeune. À la fin de la vingtaine, quand mes amis ont commencé à mourir du Sida, c’était juste ce dont j’avais besoin pour finir de me convaincre que ce monde était incertain et qu’il fallait vivre l’instant présent. Il n’y a aucune garantie dans la vie et je n’ai jamais grandi avec le sentiment qu’il y en avait.

A&I : Est-ce que vous pensez que les gens qui veulent des garanties seront déçus ?

MM : Ils seront déçus puisque rien ne dure éternellement. Peu importe que vous soyez riche, pauvre, blanc ou noir, palestinien ou américain. Rien n’est éternel. Et à ce propos, un enseignant Bouddhiste a dit : le verre est déjà cassé. Si vous comprenez que ce qui semble permanent, ce qui semble sain et sauf, promis et garanti, est en fait déjà fissuré, alors vous vivez dans la réalité. Dans une chanson de Leonard Cohen, il y a un très beau passage où il dit qu’il y a une fissure dans toute chose et que la fissure laisse

A&I: Do you consider yourself to have been able to take risks and to be more spontaneous and open in those situations to what life brought to you during those times?

MM: I do. And also, I grew up in a house where we were very poor, my father abandoned us when we were little, there was a lot of depression and violence – a lot of hardship. I don’t come from a place of safety where I imagined, “Ah, I’m one of the chosen and I’m going to have this golden life.” I understood from a very young age that life was a dangerous proposition. So I was prepared to take risks from childhood, because if I didn’t, I was just going to go down the same road as my family. I was prepared for that and I think I had the constitution for that. Being a writer, I’m a person who asks questions obsessively, and I’ve been doing that since I was very young. When I was in my late 20s and my friends started to die from AIDS, that was just the propeller I needed to confirm that this was a very uncertain world and we needed to live now. There were no guarantees and I never grew up with this sense that there were guarantees in life.

A&I: Do you think that people who are looking for guarantees will be disappointed?

MM: They will be disappointed because nothing lasts forever. It doesn’t matter if you’re rich or poor, white or black, Palestinian or American. Nothing lasts forever. One Buddhist teacher put it this way: the glass is already broken. If you understand that what appears to be permanent, what appears to be safe and secure promised and guaranteed, actually has a fracture in it, then you live in reality. There’s a wonderful line from a Leonard Cohen song where he says there’s a crack in everything and that the crack lets the light in. It’s so beautiful. It’s not about living in a morbid place

Mark Matousek at age 3, with his sisters. /

Mark Matousek à l'âge de 3 ans, avec ses soeurs

Photo © Mark Matousek