Art & Inspiration N° 2 - Summer-Fall / Été-Automne 2013 | Page 48

A&I : Un autre sujet que vous abordez dans votre livre est le fait d’être sans-abri. Le passage avec cette nonne, Sœur Jane, qui travaille à St. Elizabeth Shelter à Santa Fe, au Nouveau Mexique, est très émouvant. Elle vous confie que beaucoup de ses amis sans-abri sont très artistes et créatifs. Pourquoi selon vous ?

MM : Quand vous êtes au pied du mur, pour trouver l’inspiration vous devez voir au-delà de ce qui vous arrive et vous entoure. C’est pourquoi un grand nombre de sans-abri que j’ai rencontrés se sentent plus proches de Dieu, ou peu importe comment vous appelez ça, bien plus que la plupart des gens installés confortablement dans leur petite vie tranquille. Eux, ils sont confrontés tous les jours à la vie et à la mort. C’est dans ce genre de contexte qu’on peut avoir une révélation. On a l’opportunité de se réveiller à travers nos difficultés. Ils vivent sur le fil du rasoir, ils ne peuvent pas se permettre de se cacher derrière les conforts de la vie matérielle. Ils doivent trouver un lien avec le spirituel, avec Dieu, afin d’avancer au quotidien. Contrairement à nous, ils sont beaucoup à être plus inspirés, plus ouverts, avec cette envie de se lier aux autres. C’est paradoxal.

A&I : Vous pensez qu’ils sont plus à même de prendre des risques que les gens qui cherchent à vivre une vie plus confortable ?

MM : Complètement. Et il n’y a pas que les sans-abri, c’est quelque chose qu’on expérimente aussi en temps de guerre. Les périodes extraordinaires révèlent les pouvoirs extraordinaires des gens. Une autre manière de le dire serait « Aux grands maux, les grands remèdes ». C’est totalement vrai : nécessité est mère de l’invention. Et les gens qui sont dans des situations risquées prennent plus volontiers des risques parce qu’ils n’ont pas l’illusion de la sécurité. On est nombreux à mener notre vie avec l’illusion de la sécurité et c’est ce qui nous empêche de penser de manière créative, de voir au-delà de nos œillères et de prendre des risques. Pourquoi risquer de compromettre notre vie parfaite ? Mais quand le destin ou les coups du sort vous retirent votre vie parfaite, d’une certaine façon vous devenez libre.

A&I : Quand les gens qui mènent cette vie “parfaite” doivent prendre un risque mais ont trop peur de le faire, quels sont les moyens qui peuvent les aider à surmonter leur peur ?

MM : Un des moyens est de se confronter à la réalité, la vraie. La sécurité est une illusion et nous vivons dans un monde éphémère. Je pratique le Bouddhisme, et le concept fondamental du Bouddhisme est que tout est éphémère. Une fois que vous avez compris ça, vous voyez au-delà de l’illusion de la sécurité et découvrez la réalité, la vraie, qui est qu’on ne sait pas ce que demain apportera, que vous viviez dans une villa et conduisiez une Porsche ou que vous soyez à la rue. Et si vous conservez ce degré de conscience, vous aurez une vision plus claire et plus sage de comment mener votre vie. Vous ne croirez plus faussement que si vous suivez le chemin balisé, rien ne vous arrivera jamais. C’est pour ça que je n’envie pas les gens qui vivent ces vies bienheureuses : ils ont plus de chance d’avoir de grosses surprises. Je ne regrette pas que ma vie ait été ébranlée quand j’ai eu la vingtaine, parce que ça a profondément changé mes choix et la vie que j’ai menée ces 25 ou 30 dernières années.

A&I: Another topic that you wrote about in the book is homelessness. It was very moving when you discussed how a nun named Sister Jane who works at the St. Elizabeth Shelter in Santa Fe, New Mexico said that many of their homeless friends are very artistic and creative. Why do you think that is?

MM: When you’re up against the wall, you have to reach beyond your circumstances to find inspiration. And that’s why a lot of the homeless people I met felt closer to God - or whatever you call that - than a lot of us in our comfortable, safe lives. They are up against life and death all the time. That’s when epiphany occurs. And most of us don’t let ourselves come to that sort of brink. You have the opportunity to wake up through your difficulties. And these are people who live right on the edge all the time. So they don’t have the luxury of hiding out in their creature comforts. They have to find a connection to spirit, to God in order to move from day to day. And so a lot of them are more inspired, more open and willing to connect with other people than the rest of us. It’s a paradox.

A&I: Do you think they’re able to take more risks than people who seek to live a more comfortable life?

MM: Absolutely. And you see it not only in homeless people but you see it in times of war. Extraordinary times draw extraordinary powers from people. Another way of saying that is “desperate times call for desperate measures.” It really is true. Necessity is the mother of invention. And people who are in risky situations are willing to take more risks because they don’t have the illusion of safety. Most of us move through our lives with the illusion of safety and that actually prevents us from thinking creatively, from thinking outside the box and taking risks. Why compromise your perfect life? But when fate or destiny take that perfect life away from you, you are free in a way.

A&I: When people who do live that ‘perfect’ life know they should take a risk but are afraid to, what are some ways they can overcome that fear?

MM: One way is to look at the truth of things. Safety is an illusion and we live in an impermanent universe. I practice Buddhism, and the fundamental understanding of Buddhism is that all things are impermanent. And when you understand that, you see through the illusion of safety and security to the truth of things, which is we don’t know what tomorrow brings - whether you’re in a mansion and driving a Porsche or whether you’re on the street. And if you maintain that awareness, it gives you a clearer and wiser view of how to live your life. You’re not deceived into thinking that if you stay on the straight and narrow, nothing is ever going to happen to you. That’s why I don’t envy people who live these charmed lives because actually they are in for a big surprise. I’m not sorry my life got shaken up in my 20s because it has profoundly changed the choices I’ve made and the life I’ve lived for the past 25 or 30 years.

"My motto is that when you tell the truth, your story changes. And when your story changes, your life is transformed."

"Ma devise c’est que quand vous dites la vérité, votre histoire change. Et quand votre histoire change, votre vie en est transformée."

- Mark Matousek

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