Art & Inspiration N° 2 - Summer-Fall / Été-Automne 2013 | Page 40

AUTHORS & ARCHETYPES / AUTEURS & ARCHÉTYPES

A&I: And how did you live out these experiences? It must have been very, very difficult.

AC: I had to sit on doorsteps, eat in food kitchens and beg…In the streets, we find this main constant: the cold, apotheosis of sensations, and hardness.

A&I: Do you think you would want to live another experience like this again?

AC: Yes, today I am looking for a similar experience but I am not sure what. I am looking for an experience of ageing and of the passage of time. Today, we do not explore the knowledge and skills of the elderly enough. In my opinion, this is essential. It seems as though man always resorts to indirect means. The more something is essential, the less he will succeed. The closer the solution, the less he sees it.

A&I: Has the Explorer in you always been an active part of your life?

AC: I remember experimenting with a poor cactus to see how it reacted to the different mixtures that I injected. It was the only living thing that I’ve traumatized, as I have so much respect for all living things and for life that I would be incapable of killing an insect. The living and the organic endlessly accompany this mysterious enigma that for me is an inexhaustible source of creation. It is thus necessary to create an experimental process that is relatively codified, then to live it out, observe its evolution, its results and adapt it. It is a mental, experimental and structural mechanism that creates the framework on which I rely on to add writings to.

AI: How did the medical part of your studies inspire your writing?

AC: The medical part of my studies was just the science “of living men,” but as for the physiological aspect – the way that the organs work – this leaves me breathless and petrified with admiration.

All anatomy has a hidden meaning; each organ has its cells, its tissues, its adapted functions. The human body is perfection.

A&I: In your novels such as Meurs la faim and Tant mieux si je tombe, the characters become very fragile because of their psychological imbalances. In your opinion, how do we face illnesses that make us so fragile, such as bulimia?

AC : When we are in front of a wall, facing an obstacle, we reach a certain level of questioning: it is this limit that concerns me. Homeless people are constantly close to the limits of the human being. Without going so far, we all need a bit of imbalance to progress.

A&I : Et comment avez-vous vécu ces expériences ? Ça devait être très, très difficile…

AC : Je me suis obligée à m’asseoir sur les seuils de porte, à manger aux Restos du Cœur, à faire la manche…À la rue, on retrouve cette constante principale, le froid, l'apothéose des sensations et le dur.

A&I : Pensez-vous refaire une expérience de ce même type ?

AC : Oui, aujourd’hui je recherche une expérience du même genre mais je ne sais laquelle. Je recherche une expérience du vieillissement et du temps qui passe. Aujourd’hui, on n’explore pas assez le savoir et les compétences des personnes âgées.

Pour moi, c’est l’essentiel. On dirait que l’homme use toujours de moyens détournés. Plus c’est essentiel, moins il réussit. Plus la solution se trouve près de lui, moins il la voit.

A&I : Avez-vous toujours eu envie d’explorer les choses, d’engager votre côté Exploratrice ?

AC: Je me souviens d’avoir injecté tous les jours des mixtures différentes à un pauvre cactus pour observer ses réactions. Enfin, c’est le seul être vivant que j’ai traumatisé, je respecte tellement la vie, et le système vivant que je me trouve tout simplement incapable de tuer un insecte. Le vivant, l’organique promène sans fin cette énigme mystérieuse qui demeure pour moi une source inépuisable de création. Il faut donc créer un processus expérimental relativement codifié, puis l’habiter, et observer son évolution, ses résultats, puis l’adapter. C’est un mécanisme mental expérimental et structurel qui crée de la charpente sur laquelle je m’appuie pour insérer de l’écriture.

AI : Comment est-ce que le côté médical de vos études inspire votre écriture?

AC : Le coté médical reste juste la science « du vivant des

hommes, » quant à la physiologie c’est-à-dire le mécanisme du fonctionnement des organes, elle me laisse pantelante et pétrifiée d’admiration. Toute l’anatomie a un sens caché ; chaque organe, possède ses cellules, ses tissus, ses fonctions adaptées. Le corps humain est une perfection.

A&I : Dans vos livres comme Meurs la faim et Tant mieux si je tombe, les personnages deviennent très fragiles à cause de leurs déséquilibres psychologiques. Selon vous, comment peut-on commencer à faire face à des maladies comme la boulimie qui peuvent rendre une personne si fragile?

AC : Quand on se trouve face au mur, face à des obstacles, on atteint un certain niveau de questionnement : c'est cette limite qui m’interpelle. Les sans-abris, eux, ne cessent de frôler des limites humaines. Sans en arriver jusque-là, on a tous besoin d'un peu de déséquilibre pour progresser.

" We all need a bit of imbalance to progress.."

"On a tous besoin

d'un peu de déséquilibre pour progresser."

- Anne Calife

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