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« nationalistes » arabes). Ces courants n’ont brandi et travaillé la notion d’arabisme (‘urûbah) qu’aux lendemains des indépendances politiques de tel ou tel pays des Moyen et Proche-Orient, avant de pénétrer au Maghreb sans accrocher vraiment les réalités socio-politiques, hormis en Libye dès le coup d’Etat de Khadafi en 1969. Auparavant et à toute époque c’était plutôt l’Islam, parfois allié à une chrétienté arabe locale qui organisait les résistances et les autodéfenses face à tous les dangers et toutes les menaces : Tariq ibn Zyad, le Berbère franchissait le Rubicond de l’isthme qui porte depuis son prénom et installait la puissance omeyyade en Andalousie, Salahuddine le Kurde repoussant les Croisés et un Méhémet-Ali en Egypte, d’origine Balkane, donnant le signal d’une renaissance culturelle et économique, prélude aux luttes de libération dans toute la région. Depuis toujours l’islamité qui a fusé dès le VIIe siècle du cœur rocailleux de l’Arabia Petra a confisqué à cette arabité originelle qu’elle a diluée et fini par dissoudre dans le diffus d’un cosmopolitisme de la foi. Hors de la péninsule unifiée sous la bannière de l’ultime monothéisme déjà du vivant du prophète, un immense territoire aux dimensions d’un empire a été dès la disparition du fondateur bien lourd à gérer d’autant que la rapidité fulgurante des conquêtes a vite fait de réduire l’élément ethnique arabe à une minorité au sein d’un vaste ensemble de peuples et de nations bien plus anciens dans la praxis du culturel et du politique. Perses, Egyptiens, Byzantins, Anatoliens, puis Numides et Négro-africains et Goths d’Ibérie se convertissaient massivement à cette religion triomphante, aisée à supporter dans un univers chrétiens déchiré par les discordes et les hérésies et par la double oppression des Césars et des papes. Jusqu’au début du Xe siècle le pouvoir devenu dynastique des califes n’a été ni monarchique ou impérial invoquant le droit divin ou la suprématie d’une souche « pure de sang royal » ni r