«... on entrevoit deux
«contiguités» qui s’entrecoupent
et s’ignorent (...) pour qu’une
frontière étanche existe, pour
que les deux peuples ne se
connaissent pas...
»
Un voyage solidaire en Palestine
Daniel Soil
Ecrivain et représentant de la Fédération Wallonie-Bruxelles honoraire
Un voyage a été organisé en Palestine - au cours de la dernière
quinzaine de juillet 2015 - par une association belge de tourisme
culturel. J’ai eu l’occasion de participer à ce voyage. Trois rencontres étaient prévues par les organisateurs : Adnen Husseini,
Gouverneur de Jérusalem, Michel Warschawski, directeur du
Centre (israélo-palestinien) d’Information Alternative, et Emile
Shoufani, archimandrite de l’Eglise orthodoxe grecque. Voici
quelques réflexions nées de ces passionnantes rencontres.
Adnen Husseini, Gouverneur de Jérusalem, nous a accueillis… au couvent
des Franciscains, ouvert à sa demande, vu la tension qui régnait ce jour-là sur
l’esplanade des Mosquées.
Chaque année en effet, au jour dit, des extrémistes juifs veulent affirmer
leur souveraineté en déambulant dans la ville tout entière, y compris les lieux
saints de l’Islam. On songe à la déambulation sinistre d’Ariel Sharon en 2000,
mettant fin à une période où les sociétés civiles tentaient de battre en brèche
la paralysie des politiques et renouaient les fils cassés entre les associations
palestiniennes et israéliennes à la suite de l’assassinat de Ytzhak Rabin.
La faute aux « extrémistes juifs » ? Pas seulement. Au sein même du gouvernement israélien actuel, il se trouve des ministres, notamment celui de la
communication, pour approuver les agissements des extrémistes. Mais ce
gouvernement n’a pas le monopole des décisions déplorables. Il s’est trouvé,
par le passé, des gouvernements travaillistes pour concevoir la colonisation de
la Cisjordanie !
Michel Warschawski, animateur du Centre d’information alternative, se présente comme un militant pour les droits, davantage que comme un militant
100
pour la paix. Il se demande d’ailleurs s’il y a jamais eu
un « processus de paix ». Les partenaires pour la paix
étaient-ils de bonne foi quand ils négociaient ?
Aujourd’hui, la réalité, c’est le « processus de colonisation ». Depuis 1975, Israël n’a fait que s’étendre
vers l’Est. La meilleure analogie, c’est celle qu’on peut
faire avec la conquête réalisée par les colons blancs
sur le territoire des Indiens d’Amérique du Nord. En
Palestine, ce ne sont pas les voies de chemin de fer
qui progressent, mais les « routes de contournement
». Au départ, il y a une route, puis, peu à peu, au fil
des mois, une station-service, une supérette, un drapeau… puis une colonie.
Car le but n’est pas une conquête guerrière classique,
mais bien la création d’un Etat « démocratiquement »
juif, par le peuplement progre