ANNONCE ORTHODOXE 35 | Page 5

UNE JOURNEE au Monastère de Solan

Par un beau matin d’automne, le 14 Novembre dernier , tout un groupe de paroissiens, d’amis, se sont retrouvés devant notre Eglise à Lyon pour partir et vivre tous ensemble une journée de prière et de recueillement au monastère orthodoxe consacré à la Protection de la Mère de Dieu, plus connu sous le nom de Monastère de Solan.

Le monastère de Solan étant situé au sud de la France, dans le Gard, à proximité d’Uzès, nous avons pris la direction de l’autoroute du soleil, avec une première halte à Montélimar pour nous désaltérer et nous dégourdir un peu les jambes. Puis, nous avons quitté l’autoroute, traversé de paisibles villages méditerranéens, et c’est au détour d’un chemin, dans un paysage à la fois austère et lumineux fait de bois, de vignes, de vergers et de garrigue que nous apercevons ou plutôt devinons le Monastère de Solan où nous sommes attendus par l’higoumène, Mère Hypandia pour la prière.

Les Sœurs viennent alors à notre rencontre, l’accueil est chaleureux, leur gentillesse et leur sourire sont tel un voile protecteur qui se pose sur nos épaules et nous entoure. Nous n’avons pas encore fait un seul pas, que nous sommes « habités » par Solan, nous entrons dans un monde autre, celui de la sérénité, du silence, de la prière qui nous invite à nous recueillir, d’une certaine façon à nous retrouver, à nous élever, à vivre tout simplement notre foi.

Pour certains d’entre-nous, ce n’est pas notre première visite au monastère de Solan, mais là il nous semble redécouvrir ce lieu unique de l’orthodoxie en France.

Nous nous dirigeons alors tous ensemble vers la chapelle aménagée dans une pièce voûtée de la bâtisse du monastère selon le rite byzantin pour un moment de prière. La sobriété du lieu, l’obscurité, l’encens et les voix mélodieuses des Sœurs qui s’élèvent dans cette petite chapelle aux murs blancs qui contrastent avec les bancs et sièges de bois de couleur foncée nous transportent et nous bouleversent car d’une lumineuse beauté.Un prêtre officie. Notre participation est totale, nos âmes s’élèvent, nous aimerions tant que cela dure encore un peu mais c’est déjà la fin de la prière et après avoir été béni par le Prêtre, nous nous dirigeons vers le réfectoire pour partager le repas monastique qui nous est offert par les Sœurs.

L’higoumène, le Prêtre honorent la table. D’un côté sont assises les Sœurs, de l’autre les hommes de notre groupe et dans le prolongement de cette salle, les femmes. Une sœur fait la lecture pendant le repas, et nous faisons honneur aux différents mets proposés en cette période de carême. Puis, l’higoumène et le Prêtre se lèvent et se dirigent vers la porte de sortie, signifiant que le déjeuner est fini. Nous nous levons à notre tour, et un par un nous nous prosternons devant le Prêtre qui nous béni.

Puis l’Higoumène, Mère Hypandia, une quarantaine d’année, dont le visage resplendit de bonté avec sourire et grâce divine nous invite alors à prendre le café et le thé dans le jardin du monastère. Là, sous des arbres magnifiques, nous prenons place pour former un grand cercle. L’air est doux, la végétation qui nous entoure luxuriante, le cadre serein et propice aux échanges ; c’est d’une beauté saisissante de par la simplicité.

C’est alors que s’élève la voix de Mère Hypandia, qui commence à nous relater l’histoire de leur arrivée en ce lieu que l’on pourrait qualifier d’aventure.

Tout à commencé en 1991-92 lorsque les toutes premières Sœurs Orthodoxes sont venues du monastère Saint Antoine le Grand implanté dans le massif montagneux du Vercors dont le Supérieur est père Placide Deseille, un moine catholique entré dans l’orthodoxie au terme d’un long chemin spirituel, et un long séjour au monastère de Simonos Petra, au mont Athos, en Grèce. Un monastère féminin vit alors le jour à quelques kilomètres de là. Il fut consacré à la Protection de la Mère de Dieu mais la communauté des Sœurs grandissante, le monastère devint rapidement trop exiguë. Faute de trouver une ancienne abbaye qui aurait pu leur convenir, de taille suffisante mais pas trop grande, avec un minimum de terres, environ un hectare, pour leur consommation, elles ont jeté leur dévolu sur ce domaine, composé d’une simple ferme à restaurer, appelé dans cette région un "mas" mais entourée de 60 hectares !

Toutes étaient d’origine citadine et n’avaient d’expérience agricole que l’entretien de leur potager. "On ne s’invente pas paysan comme ça "! s’exclame en riant Mère Hypandia. Le chemin allait être semé d’embûches et de rebondissements mais elles gardaient confiance.

Tout d’’abord trouver les fonds nécessaires à l’acquisition du domaine, mais ceux-ci arrivaient toujours au bon moment. Mais qu’allaient-elles donc pouvoir faire de tous ces hectares ? Comment transformer cette exploitation de type conventionnel en culture biologique ?