AIR | Page 8

 Les murmures de la dame du Nil

Emportés au fin fond de l’Afrique noire, sur les berges du Nil, nous découvrons un lycée catholique réservé aux filles. Celles-ci sont éduquées dans le but de devenir l’élite féminine du pays. Cette position peut paraître idéale mais des rivalités opposant les pensionnaires se révèlent bien destructrices. Ainsi, dans un univers religieux apparemment tolérant où le français est de rigueur, il est parfois préférable de cacher ses origines. Ce lycée au bord du Nil héberge de jeunes femmes aux lourds secrets mais de bouche à oreille, tout finit par se savoir.

Scholastique Mukasonga nous laisse entrevoir avec simplicité un horizon que nous connaissons peu. Des réalités dérangeantes nous sont imposées sur les aspects religieux des comportements humains ou de la sexualité. l’histoire s’écoule chronologiquement à la façon du Nil, parfois tumultueuse, ou parfois lente et remplie de détails : chaque recoin du roman nous amène à un autre encore plus petit jusqu’à ce que l’on puisse atteindre la source même de l’origine des rivalités. Aucun jugement n’est porté, ainsi chacun forge son esprit critique et s’identifie à un personnage devenant son fil conducteur. Etes-vous prêts à remonter à contre-courant le Nil afin de saisir les fondements du génocide rwandais ?

Elida et Noémie

Lycée Notre Dame du Nil, Rwanda, années 70

On forme ici « l’élite féminine du pays. » On dispense la bonne éducation chrétienne à des filles de ministres afin d’en faire de parfaites épouses. Mais dans ce cadre qui pourrait sembler parfait, un drame se met en place. A travers les petites phrases entre élèves et le discours de certains professeurs, le génocide des Tutsis se prépare peu à peu.

Scholastique Mukasonga est une survivante du génocide rwandais de 1994. Dans ce livre, elle nous montre comment la haine s’est installée contre les tutsis. Elle dénonce le rôle des colons, premiers à établir des différences entre les ethnies. Mais l’auteur ne se limite pas à ce drame, elle dénonce aussi la condition des femmes au Rwanda. En effet, le but de ce lycée n’est pas d’instruire les jeunes filles mais d’en faire des épouses dignes de ministres. Frida, Gloriosa, Immaculée, Véronica… On les suit chacune le temps de quelques chapitres, essayant de s’attacher à l’une d’elles. Dans chacun des courts chapitres, on découvre la culture et le mode de vie rwandais par les quelques visites des élèves dans les villages ou au gré de leurs discussions. On y devine alors parfois le sens des mots africains qui se mêlent au français.

Alors n’hésitez pas à vous plonger dans ce pays de croyances et de traditions, lieu du dernier génocide du XXème siècle.

Mélaine

Afric’Haine : quand les rivalités mènent à la mort

Une année scolaire en 275 pages, les rivalités, le combat d’une vie. Ce roman raconte le quotidien de jeunes filles dans un lycée chrétien rwandais après la décolonisation. On suit les aventures de chaque protagoniste, rythmées par les rivalités entre tutsis et hutus. Cette rivalité va s’amplifier au fil du roman entraînant plusieurs péripéties pour certains des personnages. La haine des deux clans va consolider une amitié et une solidarité forte entre les filles tutsis, constamment persécutées par les hutus.

L’auteur fait la critique des tabous de l’éducation catholique dans un lycée où les pensionnaires sont livrées à elles-mêmes, expérimentant une sorte d’autonomie.

On découvre le mode de vie et les coutumes du Rwanda : c’est une immersion totale dans ce pays. Le thème de l’adolescence est également traité dans ce roman, avec des personnages attachants qu’on suivra le long de cette année scolaire mouvementée.

J’ai apprécié la lecture de Notre Dame du Nil, tout d’abord parce que le livre nous plonge au coeur du Rwanda et nous fait connaître le quotidien des rwandais : c’est un voyage culturel enrichissant.

Ensuite, le roman traite de l’adolescence, ce qui est plaisant lorsqu’on est soi-même un

Critiques du roman Notre-Dame du Nil