On comprend le rôle des médias dans le génocide rwandais par le biais du témoignage d’une ancienne journaliste de la radio des milles collines. Cette jeune femme a été le porte-parole du génocide. Valérie Bemeriki appelle quotidiennement « les vrais Rwandais » (les Hutu) à « éradiquer les cancrelats » (les Tutsi).
Vingt ans plus tard, elle témoigne devant les tribunaux pour « la reconstruction de son pays et la réconciliation de sa population».
Cette radio a été créée en juillet 1993, par le suisse Milo Rau. La « Hate Radio », de mèche avec le président Habyarimana.
La station est accusée d'avoir créé une atmosphère hostile qui a comme préparé le terrain du génocide. En effet, on constate qu’à plusieurs reprises, différents organismes tels que l’armée américaine, ont tenté tant bien que mal d’arrêter ce flot malsain. d’informations, mais sans succès ; en raison des coûts et des problèmes d'ingérence, ils se retirent.
Elle utilise des musiques entraînantes pour cacher ses accusations entre celles-ci.
On parle alors de « cafards » pour désigner le peuple tutsi. Mais ce n'est qu'après le début des tueries que des incitations nettes au génocide se font entendre, telles que « Tuez tous les cafards ».
Le journal vient alors s’associer à la radio, en diffusant une propagande visant à la haine et au conflit. Une édition de janvier 1994, met en garde le peuple contre une guerre imminente.
La radio des mille collines est radicale, exprimant sans censure les idées du gouvernement, en faisant passer des messages de haine à l’égard des tutsis. Elle utilise également le vocabulaire du mépris et du dénigrement. Par exemple, les hutus, auteurs du massacre, sont assimilés aux résistants français et les tutis, victimes du génocide, aux nazis ; les rôles sont inversés.
Le phénomène prend alors de plus en plus d’ampleur au fil du temps. Une partie du peuple passe son temps l’oreille collée à la radio, encourageant ainsi les opinions hostiles entre les deux communautés rwandaises. Elle vise les jeunes personnes en transmettant des ordres et des accusations implicites ( ricanements, accusations, chant de la victoire et justification des massacres dans les studios).
Une routine s’installe peu à peu, telle une rhétorique génocidaire. Mais le message est clair : la radio orchestre sans ambiguïté une guerre d’extermination !
Le pire c’est que tout se passe dans une ambiance « bon enfant », joyeuse et libérée.
Candice, Lauréline, Lise, Noémie
Les médias, promoteurs de déshumanisation du peuple
Sources
Kabanda, Marcel. Radio massacre. TDC (N°1104). 01-06-2016. p.54-55
Robinet, François. Décrypter les images médiatiques. TDC (N°1104). 01-06-2016. p.32-37
Ayad, Christophe / Steketee, Anoek. Ondes de choc. M. Le magazine du Monde (N°133). 05-04-2014. p.74-83
Darge, Fabienne. Radio Mille Collines, la tuerie dans la bonne humeur. Le Monde (N°21309). 24-07-2013. p.10.
Génocide : role des médias