ACTES FIAPA | Page 56

l ’ individu se trouve dans une situation très particulière . « Pourquoi moi je suis survivant et pourquoi pas l ’ autre ? Comment je peux gérer le deuil ? Comment je peux gérer tout ça ? ». Et puis , dans cette quête , il rencontre une personne ou un groupe qui apporte des réponses aux questions qu ’ il se pose . Il est dans une situation d ’ abandon , de détresse , et il va retrouver un groupe « une famille ». L ’ individu se retrouve être le centre d ’ intérêt , il va se retrouver valorisé , on va lui dire que c ’ est un être exceptionnel , qu ’ il n ’ a jamais été compris , et donc évidemment ça fait toujours du bien de rencontrer quelqu ’ un qui vous dit que vous êtes exceptionnel . Cette survalorisation va conduire finalement à éblouir , à aveugler . C ’ est ce que nous appelons le « bombardement d ’ amour ». Puis , cette phase « où l ’ on voit la vie en rose » va progressivement laisser place à une phase un peu plus sombre , c ’ est la phase de déconstruction . Le gourou ou la gourelle va expliquer que si vous êtes dans cette situation de détresse et bien c ’ est peut-être parce que vous avez quelqu ’ un dans votre entourage qui est toxique , etc . Le leader de groupe , va procéder progressivement à une déconstruction de votre personnalité . Par des techniques de harcèlement , de diabolisation du monde extérieur , d ’ injonctions paradoxales , d ’ alternance de compliments et de réprimandes , de maltraitances psychiques et / ou physiques , l ’ individu est placé dans une situation de vulnérabilité , de dépendance par rapport au groupe . Puis après cette phase , vient la troisième phase , elle est beaucoup plus sombre encore ou le gourou / gourelle va remplacer nos valeurs anciennes par des valeurs nouvelles pour pouvoir exercer une influence abusive . Le jugement de la personne sous emprise est altéré , elle perd ses repères , ses valeurs et son sens critique . L ’ enfermement est tel qu ’ il devient très difficile de se remettre en cause et de promouvoir un changement .
Toutes les victimes d ’ emprise mentale , qu ’ elles soient âgées ou plus jeunes , sont évidemment particulièrement traumatisées . Et c ’ est encore une fois un psycho-traumatisme dont on parle peu et qui est très faiblement pris en charge . Les prédateurs s ’ intéressent à tous les biens , à toutes les classes sociales . Et la maltraitance n ’ entraîne pas seulement une morbidité accrue , la victime a des difficultés pour parler , des difficultés pour se faire entendre , qui plus est lorsqu ’ on est âgé . Pour résumer sur cette emprise mentale , je citerai Boris Cyrulnik « Dans la relation d ’ emprise , c ’ est bien simple : l ’ un des deux , pour son profit ou son plaisir , néantise le monde mental de l ’ autre ». Si nous raisonnons par analogie , nous pouvons comparer l ’ emprise mentale au syndrome de la grenouille cuite . Si l ’ on plonge une grenouille dans l ’ eau bouillante , elle perçoit immédiatement le danger et saute . En revanche , si on chauffe la casserole à petit feu , la grenouille ne va pas s ’ apercevoir toute de suite qu ’ elle est en danger . Et bien c ’ est cela l ’ emprise mentale , on ne s ’ aperçoit pas tout de suite que l ’ on est en danger . L ’ emprise mentale est véritablement quelque chose dont on n ’ a pas forcément conscience qui se déroule petit à petit et à petit feu .
Les groupes sectaires et la prise en charge des victimes en situation de post-crise : le cas des personnes âgées Nous ne disposons pas de situations particulières concernant les catastrophes naturelles . Ce que nous savons en revanche , c ’ est que les groupes sectaires , parce qu ’ ils le disent , parce qu ’ ils l ’ écrivent sur leurs sites , sont présents sur les théâtres d ’ opération d ’ aide humanitaire . Leurs sites relatent leurs interventions sur le territoire . A qui faut-il s ’ adresser ? Comment est coordonnée l ’ aide humanitaire ? Il y a donc de vraies structures et des acteurs locaux , nationaux qui se chargent d ’ apporter une aide particulière . Lorsque l ’ on est dans une situation de crise , c ’ est l ’ aide qui prime on n ’ est pas forcément attentif à qui la dispense . C ’ est précisément ce qui était évoqué ce matin : trouver le juste équilibre entre l ’ hypersécurité , avec le contrôle des associations qui interviennent , et dans le même temps , apporter une aide d ’ urgence . Pour conclure , je terminerai mon propos autour de trois idées :
� Premièrement , les personnes âgées sont évidemment des sujets particulièrement vulnérables et qui plus est lors d ’ un sinistre ou d ’ une catastrophe . Il convient de réfléchir aux solutions alternatives pour compenser l ’ abandon et créer du lien social autre que celui qui peut être proposé par des groupes défavorablement connus ;
� Deuxièmement , il est nécessaire de mettre en place des mesures et de mener une réflexion pour qu ’ il y ait , au mieux , des aides de qualité aux sinistrés avant , pendant et après les catastrophes ;
� Enfin , nous pourrions émettre l ’ idée de mettre en place une Commission sur les urgences gérontologiques pour assurer un filtre des associations présentes et pourquoi pas une sorte de label qualité pour permettre à des associations sérieuses d ’ intervenir sur les territoires sinistrés .
Je vous remercie de votre attention .
56