ACTES FIAPA | Page 4

Olivier DRUNAT Gériatre et chef de service en

Olivier DRUNAT Gériatre et chef de service en

Neuro-Psycho-Gériatrie à l ’ Hôpital Bretonneau
Pour ce conseiller scientifique de la FIAPA , son activité d ’ enseignement se consacre en partie à l ’ expertise médicale dans le cadre de la protection des majeurs . Ce travail est fait en collaboration avec la faculté de médecine Paris Diderot et de Droit Paris Est Créteil . Sur le plan de la recherche , son service travaille tout particulièrement sur l ’ évaluation des capacités décisionnelles notamment dans le cadre du retour à domicile des patients hospitalisés .
Au quotidien son service est confronté à des questions éthiques relatives au respect des valeurs des personnes âgées et participe activement à la prévention du suicide de la personne âgée ( Voir : Suicide à deux : quand amour et haine ne font pas bon ménage ! NPG Neurologie - Psychiatrie - Gériatrie ( 2013 ) 13 , 121-3 .)
Son activité clinique est centrée sur le soin des personnes âgées présentant des troubles cognitifs ( démences ) et / ou psychiatriques ( dépression , anxiété , hallucination , délire ). En grande majorité , il s ’ agit de patients atteints de la Maladie d ’ Alzheimer avec des troubles envahissants du comportement ( agitation , agressivité , cris , déambulation ...).

Le thème de ce séminaire peut paraître lointain . Les expériences rapportées sont d ’ outre-Atlantique ou d ’ outre-Méditerranée . Il y a bien Nice qui est proche de nous , mais souvent , on évoque ces problématiques-là pour des choses qui sont lointaines . Toutefois , je me souviens très bien de l ’ été 2003 [ la canicule ], c ’ était sous nos yeux en pleine région parisienne , totalement inattendu ou tout du moins non anticipé . Il y avait pourtant eu des alertes , et même des lanceurs d ’ alerte sur ces problématiques . Les professionnels ont su répondre en grande partie sur les besoins mais pour les personnes isolées , ce fut plus grave .

Et on voit bien que les personnes âgées sont les premières victimes de catastrophes naturelles . Durant l ’ ouragan Katrina en 2005 , 71 % des morts concernaient des gens de plus de 60 ans . C ’ est vrai que les interventions auprès des personnes âgées sont très souvent exécutées en urgence . Au quotidien , on vit des situations de crise dévoilant les insuffisances de moyens au regard des besoins des personnes . On retrouve plusieurs facteurs : la chronicité des pathologies , l ’ accumulation des pathologies qui , en cascade , peuvent décompenser un équilibre précaire , des comportements parfois qui deviennent envahissants ou insupportables , des aides qui s ’ épuisent du fait de la pénibilité de la tâche , ou même des aides qui sont , certes nombreuses , mais qui sont difficiles à repérer et à mobiliser .
C ’ est vrai qu ’ au quotidien on réfléchit et on pense à la crise , cette structure entre besoin et offre . Les catastrophes naturelles sont des situations où le besoin est énorme . Elles existent depuis toujours , mais leur fréquence augmente . C ’ est le changement climatique , c ’ est la migration , qui laisse les plus fragiles sur place mais qui déplace aussi les personnes âgées : 20 % des réfugiés ont plus de 60 ans .
Les faits de guerre comme les attentats , toutes ces situations évoquées régulièrement par les médias et plus ou moins proches de nous sont plus ou moins banalisées par leur fréquence . Je ne sais pas si en 2015 le cadavre d ’ un réfugié âgé fuyant la Syrie sur une plage turque aurait été aussi médiatisé que celui d ’ un enfant de 3 ans . Il n ’ est pas question bien évidemment de faire une graduation dans l ’ horreur mais les personnes âgées , qui par essence ont vécu leur vie , mobilisent moins facilement les pouvoirs publics . Pourtant cette population est particulièrement vulnérable notamment en cas de catastrophe .
Elle se caractérise par une surmortalité par rapport aux plus jeunes .
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